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Michaela on the WEB

22 mai 2007

Extrait Théâtre/Cinéma théorie et scénario

 

 

 

  • Vers une "tragédie filmique" : un renouveau de la tragédie dans le cinéma contemporain à travers trois œuvres significatives de Lars von Trier.
  •  La violence dans l’œuvre cinématographique de Michaël Haneke, ou la mise en place d’une stratégie dénonciatrice.
  • Les rôles d’Antonin Artaud au cinéma de 1924 à 1935
  • Prise de vie


 

                   Vers une "tragédie filmique" : un renouveau de la tragédie dans le cinéma contemporain à travers trois œuvres significatives de Lars von Trier.

 

Introfduction:   

 La tragédie antique a marqué son temps par une conception théâtrale idéale. Le sentiment tragique qui s’en dégage par l’action mise en scène et la grandeur accordée aux personnages tend à faire immaner un questionnement sur l’Homme et sur sa condition. Sous divers aspects on pourrait retrouver des caractéristiques du genre tragique dans des films contemporain. Il est vrai que de nombreux opus qualifiés de drame ou drame psychologique aboutissement à une mort fatale du personnage pris au piège dans une action plus ou moins noble, relevant d’un questionnement social ou éthique. C’est notamment le cas des films de Lars von Trier qui touchent de près à des histoires tragiques mettant en scène des personnages en crise, en proie à une douleur irrésorbable qui les mènent tout droit vers le sacrifice et la mort. Si l’on prend en compte la possibilité de trouver du tragique au cinéma, on se peut se poser la question : Peut-on parler de tragédie au cinéma ? C'est-à-dire comment envisager la mise en place d’une tragédie moderne, ou d’une relecture du genre tragique à l’écran ? Comment s’ancrent des éléments de la tragédie par les images, les sensations, les formes et les personnages ? Et de ce fait, y’aurait-il un effet cathartique par l’image ? Toutes ces questions semblent soulever un problème qu’il serait intéressant de prendre en considération. Pour cela il faudrait d’abord rappeler brièvement l’histoire et l’évolution de la tragédie aux cours des siècles, en rappeler les principaux codes esthétiques qui la fonde en offrant des exemples. Puis, il serait judicieux d’émettre des hypothèses en vue d’une éventuelle transposition du terme de tragédie au Cinéma. Enfin, voir comment les films de Lars von Trier se posent comme des modèles et des exemples pertinents, jusqu’à se poser la question du pouvoir purgatif de l’image à disposition du spectateur. [...]

 

La violence dans l’œuvre cinématographique de Michaël Haneke, ou la mise en place d’une stratégie dénonciatrice.

Introduction

 

 

« La question n’est pas de savoir ce qu’on a le droit de montrer, mais comment permettre au spectateur de comprendre ce qu’on lui montre »[1] Michaël Haneke.

 

Derrière les formes multiples qu’emprunte l’image, il y a des sensations, des émotions qui ressortent, mais aussi des instructions, des réflexions à tenir. Le cinéma nous offre une vision du monde, nous montre des événements, des actes qu’il faut savoir interpréter avant de les juger trop violents ou trop choquants comme il en est question dans l’œuvre cinématographique de Michaël Haneke. Cette manière brutale de s’exprimer par les images, ou autre terme péjoratif que les critiques donnent souvent au style d’Haneke (style car c’est un moyen de s’exprimer propre à travers le médium), n’est pas simplement entreprise dans un but gratuit, ni à des fins primitives et perverses. C’est le « comment » montrer, offrir un regard nouveau ou un regard juste sur un monde, en l’occurrence ici un monde violent et tous ses composants qu’il faut arriver à entendre.

 

 La représentation du monde chez Haneke passe par des images, des scènes, ou plus exactement toute une mise en scène de la violence régie par une stratégie implacable empruntant différents processus d’élaboration. Cette violence tient compte de la réalité, « réalité exagérée » selon les propres termes d’Haneke[2]. La violence est évoquée de manière stratégique pour peut-être nous donner une expérience, ou un reflet de ce monde que nous, en tant qu’Homme social, nous subissons. [...]



[1] Michaël Haneke in Horwath Alexander e Spagnoletti Giovanni, Michael Haneke, edizioni Lindeau, Torino, 1998 (205p) / traduction de l’italien au français par moi-même.

[2] Télérama, Vincent Rémy, L’humaniste en colère, p 24 à 26, numéro 2257, 14 avril 1993  

Les rôles d’Antonin Artaud au cinéma de 1924 à 1935

Introduction

Grand acteur peu reconnu, Antonin Artaud a joué dans une vingtaine de film, ayant eu ou non un rôle principal, avec des réalisateurs de grande renommée dans le monde du cinéma comme entre autres Gance, Autant-Lara, Pabst… Il est aussi à la tête d’une grande théorie sur le théâtre, voir la plus grande théorie « innovatrice » de ce siècle Le théâtre et son double.

 Le cinéma et le théâtre plus proche à l’époque que de nos jours, Artaud arrive à concilier les deux, c’est pour cela que l’on pourrait trouver des similitudes entre son jeu théâtral et son jeu cinématographique. Bien que la conception des deux serait peut-être quelque peu différente. Artaud garde son style, et à tout moment son jeu semble éclairer sa personne ou du moins le message qu’il semble vouloir faire passer. Il clame ses œuvres pour les faire vivre et faire vivre avec elle le public, et surtout le « moi ».

 Pourtant l’expression n’est pas dans les mots, elle est surtout dans le corps, les mouvements, derrière l’homme il y a l’art. Derrière les Antonin Artaud, il y a les arts, il y a lui dans son art.

 La question reste de savoir si Artaud envisage le cinéma comme un homme de théâtre, ou si l’on peut trouver dans sa conception du cinéma quelque chose de radicalement différent. Derrière toutes ces apparitions, Artaud ne développerait- il pas ses propres théories voire même sa propre personne ? La quête du « moi » ne serait-elle pas la cause d’un tel investissement ? [...]


Prise de vie

 

01.Extérieur. Jour. Saint-Germain de Calberte.1913.

 

Une jeune fille se promène en direction de la montagne, elle chantonne, on la voit ramasser des fleurs.. Tout à coup, on voit arriver un gros chien qui les piétine. La jeune fille se retourne violemment, derrière elle se tient un charmant jeune homme.

 

La jeune fille (regardant le jeune homme de bas en haut)

Il est très mignon votre chien, dommage que son maître l’ait si mal éduqué.

 

Le jeune homme étonné ne répond rien, et la regarde bêtement.

 

La jeune fille

C’est vrai, on rejette toujours la faute sur les animaux, après tout l’éducation elle vient de l’homme, n’est-ce pas ?

 

Le jeune homme ne répond toujours rien.

 

La jeune fille

N’est-ce pas ?

 

Elle se relève, le regarde avec un sourire narquois, se remet à chantonner en s’éloignant davantage vers la montagne. Le chien couché sur les fleurs la regarde s’éloigner en poussant de petits aboiements.

[...]

By Mika 2000/2004

 

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22 mai 2007

Extrait de romans

Extraits de mes Romans

La Trace
La Maladie de Still
EM
Le Volcan qui sommeille en moi
Mon roman


LA TRACE …

Première partie

CHAPITRE I

    On ne mérite pas de perdre la vie à 17 ans.
- « J’vais au « Chez Claude » j’rentrerai pas tard … »
    Appoline s’apprêtait à claquer la porte lorsque quelqu’un l’interpella de plus loin.
- « Reviens ma petite je t’ai déjà dit que je n’aimais pas que tu sortes en semaine et surtout que tu traînes dans les bars à ton âge. »

    Un long soupir se fit entendre. Appoline ne supportait pas que sa mère lui fasse des réflexions si stupides. Elle avait 17 ans, aimait sortir avec ses amis, et se réunir le soir au seul bar du village « Chez Claude », à discuter de tout de rien devant une bonne bière. Ca ne faisait de mal à personne. En plus, elle vivait depuis sa tendre enfance dans un petit village perdu au fin fond de la Lozère. Elle ne voyait pas ce qui pouvait bien lui arriver de si terrible.
- « Est-ce que tu m’as bien comprise ? » insista  sa mère
Appoline lui promis de ne pas tarder, sa mère céda une fois de plus. Appoline ferma la porte derrière elle.
    Amélia, sa mère, avait  seulement 34 ans, alors parler de conflit de génération était peut-être un peu fort. Elle avait perdu son mari dans un accident de voiture il y a déjà quelques années. Elle n’avait jamais voulu se remarier, et s’était installée avec sa fille unique dans un sympathique petit village au bord du Gardon.
    Amélia  se fit un thé, alluma la radio, s’assit sur une chaise, se roula une cigarette. Elle fuma…fuma encore. Elle posa la tasse dans l’évier. Regarda l’heure. Elle monta l’escalier. Le salon était vide.
   
    Pendant se temps, Appoline était attablée au comptoir avec une de ses amies.
- « Ouais, j’en ai marre c’est toujours la même chose. J’étouffe ici. Heureusement c’est les vacances dans une semaine! J-7 »
- « moins 8 ma chère ! »
    Son amie était du même âge qu’elle. Elle sortait avec Eric, le barman, un p’tit jeune d’une vingtaine d’année. Appoline l’enviait beaucoup. Son amie Monica était grande, mince, blonde et après le Bac elle devait partir à Paris pour rejoindre une agence de mannequin. Elle avait était repérée lors d’un casting de rue pendant les dernières vacances. Appoline, elle  avait aussi un petit copain, il s’appelait David, ça faisait un an qu’elle était avec lui, elle en était fier de cette année passait avec lui c’était la première fois que ça durait aussi longtemps. Mais, elle ne l’aimait pas vraiment… Il n’était pas particulièrement beau, il était dans sa classe et sortait souvent avec une bande de copain qu’elle trouvait particulièrement stupide. Mais bon ça faisait un an. Elle était fière. Fière comme on peut l’être à 17 ans.
     Appoline fumait, ça faisait bien devant Monica et devant toutes ses nouvelles copines. Elle pensait que de toute façon elle n’aurait pas de cancer et que au pire quand elle serait grande ils auraient trouvé un vaccin. Elle était insouciance, légère. 17 ans…simplement 17 ans.
    Monica termina sa gorgée de bière, la posa sur le zinc. Puis s’en alla.
- « T’attends pas Eric ? »
- « Non il me rejoins chez moi…après »
    Eric dormait souvent chez Monica. Ses parents étaient « cool » comme on dit. Pour Appoline s’était impensable. Sa mère l’aurait tué. « Tu es trop jeune, ça ne se fait pas, tu as la vie devant toi. » Monica avait librement le droit de coucher. Elle, s’en cachait, ça aurait été le scandale. Elle avait toute la vie devant elle…la vie.
   
    Appoline sortit du bar. Elle marcha le long de l’avenue principale et s’engouffra dans une rue tortueuse pour rejoindre sa maison. Elle ouvrit la porte. Monta l’escalier. Entra dans sa chambre. Au bout de cinq minutes, on vit la lumière s’éteindre par la fente de la porte.

    Amélia était en peignoir, était au RMI depuis quelques années. Elle avait quitté  son travail de directrice de publicité dans une agence de publicité depuis la mort de son mari, après une légère dépression qui l’avait beaucoup affaiblit. Appoline avait été sa roue de secours, sa lumière. C’était sa seule enfant, elle n’avait qu’elle au monde. Appoline comprenait beaucoup de chose. Elle aimait sa mère malgré … malgré tout. Elle prirent leur petit déjeuner ensemble. Appoline réunit ses affaires et s’apprêta à sortir pour aller prendre le bus qui l’emmenait au lycée le plus près, 10 kilomètres.
- « Tu n’oublies rien? »
Appoline rebroussa chemin, embrassa sa mère et sourit.
    Elle était belle. On aurait dit une petit fille qui partait pour l’école, son sac en bandoulière.
Le téléphone sonna. Amélia décrocha.

    Amélia discutait avec un voisine. Fumant clope sur clope. Sa voisine était une femme très aimable, sa seule amie. La seule qui brisait la solitude dans laquelle elle se renfermait depuis …Elle commençait à sortir un peu plus, à se sociabiliser davantage grâce à elle.
   
    Appoline était en cours. C’était une journée banale. Le soleil était au zénith. Le printemps était arrivé… les fleurs bourgeonnaient…
   
     Il était 18 heure, Appoline n’était toujours pas là. Amélia lisait un journal, cherchant des annonces pour un job, des annonces pour pratiquer quelques activités, un truc que lui avait conseillée sa voisine. « Occupe-toi » elle avait dit. 19 heures passées et Appoline n’était toujours pas là. Amélia stressée un peu. Tout à coup la porte s’ouvrit. Et la soirée suivit son cours. Comme tous les jours, les autres jours…
   
    Amélia et Appoline aimaient se retrouvaient ensemble à fumer leur cigarette à la fin du repas, avec un verre de liqueur, parler pendant des heures et entonner des air mélancoliques ou entraînants.
     « Pauvre petit fille sans défense arrachée du soleil… »
Elles adoraient Hubert Félix Thiefaine. C’était les souvenirs d’adolescence pour Amélia, et c’étaient ceux que Appoline se construisait. Elles se ressemblaient. On aurait dit deux sœurs. Elles se ressemblaient on aurait dit une mère et une fille, liées à jamais, liées pour toujours. Ensemble contre tous. Et rien, rien ne pourrait jamais briser cela.

    Le samedi suivant, Monica invita Appoline à venir à une soirée chez elle. Appoline attendait ça avec impatience, de plus que les vacances seraient au rendez-vous. Elle n’en avait pas parler à David. Chez Monica il y aurait des mecs de la fac des pots à Eric. Alors…bon. Amélia n’aimait pas trop ça, mais en parlant avec sa voisine, elle avaut compris que Appoline n’était plus une enfant, et que elle a 17 ans elle était enceinte de sa fille. Alors … bon. Alors…bon.

    Elles aimaient faire les boutiques ensemble dans la ville la plus proche. Elles tournaient et viraient pendant des heures : boutiques de fringues, librairies, cinéma… elles aimaient allait dans un troquet « L’africain », où elles consommaient leur boisson fétiche, « la potion vaudou », un sirop de menthe mélangé à du lait de coco. Amélia n’aimait voir sa fille fumait, mais, dans ses moments là, elle s’en moquait, elles étaient bien. Avant de remonter dans la voiture, elles faisait toujours un détour par la chapelle. elles l’appelaient « la dame en bleue ». Ce n’était pas son nom. Elle était en ruine. Mais ses vitraux bleuté renvoyée la lumière, et à l’intérieur elles aimaient sentir cette douce plénitude. On apercevait « la dame bleue » de leur balcon, être à l’intérieur était leur petit bonheur à elles. A elles, rien qu’à elles.

    Depuis deux mois, Amélia avait rencontré un homme qui venait de s’installer dans le village. Il se nommait Ben. Son vrai nom était Bernard mais c’était ringard. Alors… Appoline aimait voir sa mère comme ça. En plus, elle adorait Ben. Il était trop « cool » ce mec…Il était  prof à la fac, et il avait proposé à Amélia d’écrire un article avec lui. Un article sur l’ « Histoire des migration inter- « je sais pas quoi », un truc super chiant que Appoline ne comprenait pas mais qui rendait un sourire à sa mère. Puis avec Ben, elle était tranquille, elle avait plus de liberté.

    Appoline arrivait au « Chez Claude » quand elle aperçu Monica qui pleurait. Elle avait appris qu’Eric l’avait trompé et en plus elle ne serait pas admise dans son agence de mannequin pour quelque raison floue. Tout ce pourquoi Appoline l’admirait n’existait plus. L’homme idéal était un salaud, sa carrière tombée à l’eau. Mais pour elle, Monica serait toujours une référence. Elle la consola. Appoline rentra un peu éméchée chez elle. Amélia lui passa un savon.
- « demain tu as cours, les vacances sont finies! »

- « J’aimerai faire mon année de fac à Londres. J’ai décidé de partir. »
Décidément elle en avait de l’ambition cette nana pensait Appoline.
- « Tu t’sentirais de partir avce moi ? »
- « Euh…Mais pour faire quoi ? »
- « De l’anglais, jeune fille au pair, j’en sais rien, l’aventure, le kiffe total quoi ! »
- « franchement ouais. »
    Elle reprirent une tournée et se mirent à rêver  tout haut de ce qu’elles voudraient faire: Londres, Big Ben, la tamise, puis l’Ecosse, l’Irlande pourquoi pas et New-York !!! »…

    Amélia n’était pas emballé par l’idée de sa fille. Normal il y a trois semaine, elle voulait suivre Monica à Paris pour faire une école de cinéma, et bien avant ça elle voulait encore être vétérinaire. Appoline adorait les animaux, adorait le cinéma, mais de là à en faire son métier. Il fallait faire un choix. Amélia avait eu sa fille très tôt mais avait eu une carrière exemplaire grâce à l’aide de ses parents surtout mais surtout grâce à sa volonté. Appoline, elle avait des rêves. C’était ça la vie…avoir des rêves et les réaliser ou ne pas les réaliser mais les vivre. Alors on verrait bien où elle serait dans quelques mois…


Chapitre 2

    Amélia venait de se réveiller, Appoline était déjà envahie dans le canapé en tria de regarder la télévision.
[...]

LA MALADIE DE STILL

  Le trois septembre de l’année deux mille trois, j’ai décidé de prendre ma vie en main. Accompagné, de celui qui sera pour toujours l’homme de ma vie, j’ai choisi d’aller vivre à Paris, pour trouver du travail, pour réussir, pour exister vraiment. Les jours ont passées, nuits après nuits à remplir des formulaires pour pouvoir prétendre à une quelconque situation sociale, en vivant tant bien que mal aux côtés de celui que j’aime. Une douleur dentaire me terrassait mais je cherchais à la vaincre doucement … en attendant que ça passe, et c’est passé… Lotus, c’était notre chat, la seule personne qui partageait notre quotidien si quotidien dans lequel je commençais à me sentir bien car enfin j’étais inscrite dans une faculté, statut social étudiant qui facilite bien des choses, et surtout donne droit à ces putains de conventions de stage, sans lesquelles pas de stages possibles, donc pas d’expérience, et forcément pas de travail et pas d’avenir. [...]

EM
    Elsa, c’est ma petite grand-mère. Enfin, comment dire, du moins c’est comme si elle l’était vraiment. Elsa c’est la bonté, la sagesse, la douceur…mais aussi la mauvaise humeur. Elsa c’est ma grand-mère. Simplement. Quand j’ai rencontré Elsa, je n’avais pas vingt ans, aujourd’hui j’en ai presque trente, et au moment où j’écris, Elsa meurt. [...]

Le volcan qui sommeille en moi

CHAPITRE I

Vers une reconnaissance, une adoption non souhaitée

 

24 ans. C’est l’âge que j’avais, que j’ai et que j’aurais toujours. Parfois, j’oublie. Mais, je ne peux pas faire comme si tout n’était qu’un mauvais souvenir. Elle sommeille en moi. Je la ressens quand j’ai trop couru, trop dansé, trop marché tout simplement. 24 ans, le jour de ma première mort, de la prise de conscience, de la mort de l’enfance.

Arrivée à Paris en cette fin d’été, je tente de m’insérer dans une société pour y faire ma place. Paris, capitale de la France et de tous mes désirs. Désirs abolis à ce jour, et pourtant. Je me dis que j’aurais pu. Et je peux toujours, mais…il est temps pour moi d’exister ailleurs, dans la communauté, dans la masse. [...]


Mon Roman

 

CHAPITRE I

Dès le matin, Marissa s’était installée sur le rebord de la fenêtre, elle dominait la ville, jonchée sur les toits. Elle pensait à tout ce qui, à cette heure avait changé sa vie, elle-même avait tant changé… Elle regardait ce train, au loin, qui s’en allait, elle ne savait où, mais elle aurait tant aimé partir aussi. Tout à coup midi sonna à la cloche de la mairie, Marissa sembla retomber dans la réalité.

Dans la cuisine, sa mère préparait un poulet, il tournait, laissant couler un jus gras le long de son corps embroché sur le pic. Marissa s’avança doucement dans la pièce regardant autour d’elle, comme si tous les meubles avaient vieilli avec elle, sans qu’elle s’en soit aperçue. L’instant d’après, son père entra :

- « Putain ! » dit-il. « Il fait chaud aujourd’hui, c’est un temps à aller faire une belle promenade dans la campagne. »

Sa mère répondit par un sourire qui en disait long.

- « Et pourquoi pas Simon ?» dit-elle, enchantée. « tu viens avec nous Mami ? » [...]

by Mika 1999/2007




22 mai 2007

La Fée Simone (in EM)

LA FÉE SIMONE

 

 

 Il était une fois dans un pays lointain, une contrée très éloignée, à l’abri du regard humain, une petite fée répondant au doux prénom de Simone. Depuis, sa plus tendre enfance, elle vivait dans un climat d’amour et de fêtes. Entourée par ses amis les Licornes, les Gobelins, les mini Feut, et autres Elfes. Tout n’était que magie, plaisir et abondance. Simone portait toujours de magnifique robes scintillantes aux couleurs légères, elle avait de grands yeux bleus-verts et de longs, très longs cheveux dorés parsemés de mèches à nuances mauves. Un elfe, du nom d’Abyssin en était sous le charme et ensemble ils vivaient depuis peu les émois d’un grande passion. Ils souhaitaient d’ailleurs se marier dès qu’Abyssin aurait fini ses etudes Elfologie (Science Humaine de l’Elfe). Simone imaginait déjà la robe qu’elle porterait, le lieu et les invites, mais pour l’instant, elle se contentait de rêver. Simone n’était pas simplement une gentille fée comme les autres, un peu naïve, ou passant son temps à s’entraîner à de nouveau sortilèges. D’ailleurs, il est souhaitable de rappeler que les fées ne sont pas toutes dotées des mêmes pouvoirs, Simone était une Fée HERI, c’est à dire qu’elle ne possédait que quatres pouvoirs en tout est pour tout : Celui de l’euphorie passsagère, celui de la procréation, celui de l’envol gracieux, et enfin celui la télépathie animale. Le premier consistait à faire rire les personnes un court instant afin de leur redonner le sourire, le second de facilter le don de la vie rien qu’en touchant la personne, le troisième lui permettait de s’envoler de manière gracieuse et élégante qu’elle pouvait transmettre à quelqu’un qui lui prenait la main, enfin elle pouvait de par son dernier pouvoir discuter avec les animaux ce qui n’était pas donné à tout le monde. Bien que dotée de toutes ses qualités propre à son rang de fée, Simone voulait pas dessus tout “chanter” devenir une star du music hall mais ce rêve resterait vain car dès que Simone entonnait un air les fleurs se fânaient, les oiseaux s’envolaient, et les vitres se cassaient, j’en passe et des meilleures…

 

Bien qu’elle ne le montrait pas trop, cela l’affectait beaucoup. Parfois, elle s’enfermait durant des heures pour s’entrainer. Elle avait même essayer de prendre des cours mais son professeur l’avait remercié… Sa façon de chanter perturbait les autres camarades. Un jour, elle réussit à entonner un son correct et comme rassurée, elle se promit qu’un jour, contre tout ce que l’on pouvait dire, elle y parviendrait. Elle courut chez Abyssin pour lui dire la bonne nouvelle de son apprentissage, malheureusement il n’était pas chez lui. Alors, elle fit demi-tour. En chemin, à l’heure où la nuit commençait à tomber sur la contrée, elle rencontra une dame blanche :

Simone, écoute, écoute la musique…

Mais, je n’entends rien. De quelle musique parlez-vous ?

Quand tu l’entendras. Tu réussiras. Pour cela, use de tes pouvoirs. Soit attentive…

 

La dame blanche disparut.

 

Les jours passèrent et Simone ne pensa plus à cette rencontre.

 

 Après quelques mois d’archarnement, Simone n’était toujours pas parvenue à ces fins, bien que parfois elle semblait preque accèder à cette justesse impossible. Malgré tout, cela était très rare et très ponctuel, trop ponctuel. Tout ceci n’était pas grave, avec le temps, tout s’arrangerait. Tout en continuant ses efforts, à défaut de reussite dans sa passion, elle se voua corps et âme à son abyssin et aux préparatifs du mariage qui commençaient à prendre forme, dans moins d’un mois Abyssin obtiendrait son diplôme et entrerait à l’Académie Elfique.

 

Seulement voilà qu’un jour terrible s’annonçait. Ce jour-là, le tonnerre grondait dans la plaine, Simone attendait son cher et tendre dans un parc, sur un banc, à l’ouest du royaume céleste, endroit réputé dangeureux mais pourtant si romantique. Soudain, elle  aperçut son fiancé qui courait  à toute jambs vers elle en faisant de grands gestes. Seul un cri strident parvint aux oreilles pointues de Simone. Mais c’est quand il fut trop tard, elle comprit. Une tarantule géante à grandes pinces vénimeuses se tenait derrière elle. Simone était dans l’incapacité de bouger, pétrifiée; foudroyée. La pluie commença alors à tomber. Abyssin s’empressa tel un vaillant chevalier de soustraire Simone aux griffes de l’affreuse tarentule, mais en vain. Le pire s’était passé. Simone fut sauvée in extremis, mais Abyssin fut affecté par le venin.

 

Pour écourter les souffrances des maux de Simone et la mort atroce et lente dont fut victime abyssin, il convient seulement de dire qu’au bout de cinq jours et six nuits le pauvre jeune elfe succomba. Simone le vécut très mal, tant et si bien qu’elle cessa toutes activités.

 

Quelque chose avait changé. Tout avait basculé, sa vie n’avait plus de sens. Elle ne chantait plus. Elle ne mangeait plus. Elle ne dormait plus. Elle se contentait d’être là.

 

C’est au bout d’une année entière seulement, et à la grande joie de tous, que Simone finit par reprendre goût à la vie, peu à peu. On dit que ce serait grâce à une musique qu’elle aurait entendu au loin venant des bois. Ce matin là, elle se reveilla après un songe. Un songe où une dame blanche lui murmurait :

 

Simone, n’oubli pas …écoute, écoute la musique…

 

Simone n’entendait plus la musique mais elle gardait espoir, la musique se ferait entendre.

 

“Je l’entendrais c’est sûr” se disait-elle.

 

Une fête fut organisée. On y rit et on y pleura beaucoup. Mais c’est à ce moment que Simone prit une grave décision et rien ni personne ne put la raisonner. Elle devait fuir. Fuir très loin. Oublier. Recommencer.

 

  Deux ans plus tard, elle fut mariée à un Ogre, on célébra de grandes noces, au confin d’un royaume modeste à une dizaine de milles lieux de sa contrée natale. Son mari se prénommait Biscuit, l’ogre Biscuit, mais il n’était pas tendre. Certes, elle ne l’aimait pas mais elle commençait à chanter de mieux en mieux prenant des cours plus de 15 heures par jour avec une Gobelines cantatrice, la célèbre cantatrice Mauve.

 

Simone était toujours en quête de la “note juste”. Biscuit, lui, n’aimait pas la musique, il était gros et laid, vulgaire et aigri, bourru, barbu. Simone le savait mais il était aussi très riche, très connu, de grande lignée. Elle y la voulait pour femme. quand Ogre veux, petite fée solitaire ne peux refuser… De toutes façons, elle avait renoncé à aimer, son premier grand amour était mort et son coeur serait brisé à jamais… Sa vie n’était pas celle d’une fée comblée mais plutôt d’une ogresse en perdition qui n’en était pas une. Biscuit rentrait souvent le soir : bourré, barbouillé, mal rasé. Il sentait mauvais des pieds, roté, pété, sans s’excuser.

 

Qu’est ce qu’on mange ? J’ai faim…….. RRRH…

 

Il l’a trompé souvent, et a ramené de jeunes elfes à la maison. Simone subissait, elle s’en moquait. Elle parviendrait à écouter la musique et seul cela comptait pour elle. Un jour, elle apprit qu’elle était enceinte , enceinte de Biscuit. Il n’était pas possible, voire inconcevable qu’une telle chose puisse arriver. Elle perdit volontairement son enfant sans mot dire. La fée Simone s’était brûlé les ailes…

 

Par la suite, elle se mit à boire, à fumer, désespérée, attrisitée à l’extrême. Elle tombait sans pouvoir parer sa chute et pensait cette fois qu’elle ne se relèverait jamais. Elle n’entendrait plus jamais aucune musique…. Elle avait vieilli, sans joie, sauf peut-être grâce à son travail sur sa voix…

Je n’entends pas la musique, je ne l’entendrais jamais…

 

Alors qu’elle rentrait de son cours de chant habituel, Simone se mit au lit sans diner. Biscuit s’était dejà endormi ,affalé sur le sofa, débraillé et ronflant comme un muffle. Au beau milieu de la nuit, Simone se réveilla en sursaut. Elle portait une robe blanche. Elle vit son reflet dans le miroir. Elle comprit ce qu’elle avait occulté pendant toutes ses années : sa vocation. A défaut d’être comblée, elle décida de retrouver ses facultés magiques, d’utiliser ces pouvoirs à des fins utiles. Au loin, une dame blanche la comtempler des cieux.

 

Elle s’entraina et réussi à retrouver toute la maîtrise nécessaire de ses pouvoirs. Elle passa alors à l’action.  Entre temps, Biscuit était parti du domicile familiale pour une jeune elfe, il lui céda la demeure mais pas un sou. Ce n’était pas grave, elle était seule mais confiante.

 

Simone entreprit un pélérinage et se rendit dans la forêt des songes, et y fit bonne rencontres. Elle croisa en premier une licorne dépressive:

 

Bonjour licorne, que t-arrive t-il tu as l’air si…abattue…?

Je ne dors plus la nuit, je fais des cauchemars, ma famille est partie et m’a laissé, personne ne me parle, je n’ai pas de travail. Tout le monde me dénigre car j’ai deux cornes. Je suis méchante avec tout le monde, je suis mauvaise…

Tais toi donc… Ce quie tu dis est faux !

Tu vois tu m’agresses, va t’en sale fée elfique…aux oreilles pointues et décollées. VA TEN LAISSE MOI TRANQUILLE, je veux ETRE SEULE…

Simone orienta sa baguette dans sa direction, entonna un air : in huiq op qyt hu beu hhiiij HERI BAM BAM

 

Un éclair rose traversa le ciel. La licorne se releva, elle sourit.

 

Tu es exceptionnelle licorne.

Tu as raison, je suis exceptionnelle.

 

La licorne cavala à travers champs, souriante et  métamorphosée. Simone apprit très vite que la licorne était devenue styliste de mode et qu’elle avait rencontré l’âme soeur…

 

Une douce mélodie résonnait des montagnes, Simone tourna la tête. La musique s’interrompit.

 

 

Alors qu’elle continuait sa route, Simone croisa une grenouille au brod de l’étang.

 

Grenouille, belle grenouille pourquoi pleures-tu ainsi ?

Je n’aurais jamais de tetards, je suis stérile…

Grenouille regarde ma baguette, fixe-la et pense très fort à ton bonheur d’avoir une grande famille…

 

Les yeux de la grenouille se mire se colorer et s’illuminer.

 

Ggghdljd qhdqkj dhhdhhh qljkqjkj hkik HERI BAM BAM

Deux mois plus tard, la grenouille était enceinte et, quelques temps après, elle accoucha de triplets…

 

Simone entendit quelques notes à peine  audibles, puis plus rien….

 

Un peu plus loin, elle vit au loin une chenille paraplégique.

 

Hé chenille, où te diriges- tu ainsi… ?  

Je roule vers demain. A la recherché d’un espoir de guérison.

Quelle est ton souhait le plus cher chenille ?

J’en ai plusieurs, mais c’est surtout celui de marcher ma bonne fée…

Je ne peux pas exocer ton voeu, je n’en ai pas le pouvoir. Mais… ça te dirait de voler avec moi à travers les nuages?

Ce n’ai pas beau de mentir ma fée.

Prend ma main.

Hhdkk shhhq hggis vol hsuugqb HERI BAM BAM

Simone et la chenille senvolèrent à travers les airs, elle rencontrèrent des oiseaux, des insectes, touchèrent les nuages. C’était simplement magique. Incroyable. Indicible.

 

Merci ma fée” dit la grenouille.

 

Peu de temps après, le premier roman de la chenille fut publié, il s’intitulait : “Superchenille”.

 

La musique se faisait plus distincte.

 

Enfin, avant de rentrer en sa demeure, après une longue marche pelerine, Simone fit une dernière connaissance. Mais, sans s’y attendre. Un brouhaha insupportable se faisait entendre dans sa tête : che tu veux non c’ests quoi mon rêve à moi oui et tient oui non je t’aime holalalala…

Elle entendait tous les animaux de la forêt. Elle fut alors très attentive. Elle guérit plusieurs d’entre eux et s’entretint presque avec tous et notamment ce qui s’étaient égarés comme avec le loup de Sandy, le chien d’Elodie, le marsuin de Jules et le cochon-dinde de Sandrine.

 

Quand épuisée de toutes ces actions, elle entendit une musique très distincte. Elle était mélodieuse et vibrante. Indescriptible. Casi inaudible à l’oreille mais pourtant bien présente. Elle éprouvait une sensation de plénitude extrême. Elle se mit alors à chanter sans même s’en rendre compte vraiment, si haut et si fort que tous les habitants des bois se rapprochèrent d’elle, formant un cercle. autour de sa petite personne.

 

“Halleluja”  je chante.

 

On vit au loin une dame blanche s’éloigner et disparaitre à tout jamais.

 

Tout le monde était sous le charme, et tous aplaudirent avec enthousiasme. Simone avait enfin trouvé sa place après avoir suivi le chemin, après s’être perdue certes, avoir fui, et eu le courage de croire, de croire si fort, et surtout eu la force d’écouter, écouter pour entendre la musique…

 

Simone devint une grande chanteuse d’opéra, elle avait enfin accéder à la “note juste”. La note suprême, celle de la vie.

 

Plus tard, elle rencontra un elfe, elle vit aujourd’hui heureuse et je l’espère aura-t-elle  beaucoup d’enfants qui a leur tour trouveront la “note juste”.

 

Entendez- vous la musique ???

 

 

 

by mika 2007

22 mai 2007

Les Contes du Tiroir

 

Les Contes du Tiroir

 

ξ

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Michaëla Degui

 

Préface : Découvrez un univers intime rappelant les Contes d’antan à travers des personnages nouveaux. Faites connaissance avec un ogre plutôt sympathique, une princesse qui s’ennuie, une autre un peu trop curieuse …

Les Contes du Tiroir est le premier recueil de contes de Michaëla Degui, ils se composent de trois savoureux petits contes qui se laissent déguster.

 

« Il était une fois un ogre très gros, très laid et très poilu. Il était si imposant et si impressionnant qu’il terrorisait tous les enfants des contrées voisines. Pourtant, tous ses amis ogres se moquaient de lui et il était la risée de toute sa famille. L’ogre velu, qui se prénommait Boris, ne savait pas crier.» […]

 

 

Les Contes du Tiroir

 

 

 

- L’Ogre Lumineux  page 4

 

- Conte d’une petite fille solitaire page 10

 

 

- Havalina au royaume de Lazare

 ou La petite fable sanglante de la curiosité page 17

 

 L’Ogre Lumineux

 

 

  Il était une fois un ogre très gros, très laid et très poilu. Il était si imposant et si impressionnant qu’il terrorisait tous les enfants des contrées voisines. Pourtant, tous ses amis ogres se moquaient de lui et il était la risée de toute sa famille. L’ogre velu, qui se prénommait Boris, ne savait pas crier. Il avait une voix fluette et n’aimait pas la chair fraîche. Il se nourrissait essentiellement de noisettes et de feuillages.

 

Etrange, pour un ogre, un ogre végétarien. Un jour qu’il se promenait dans la forêt, il croisa son voisin Grégoria.

- Hé Boris ! Bouh ! Tu m’as fait trop peur ! Dit-il en ricanant.

- Bonjour Grégoria

- Alors, on chasse des noisettes ?!

Il partit en rigolant bêtement.

 Boris savait bien que tous ces ogres étaient stupides, mais il était très triste que sa famille ne le comprenne pas. Sa mère disait souvent :

- Un ogre aussi grand, aussi fort, aussi terrifiant et impressionnant, le plus costaud de mes sept fils et l’aîné de surcroît ! Il n’est même pas fichu de faire de mal à une mouche !

Son père lui avait même dit que si le dimanche suivant à la chasse il ne ramenait aucun petit enfant perdu pour le repas, il le chasserait définitivement du domaine familial. Boris était fort en peine, il ne voulait pas faire de mal. Malgré tout, les enfants avaient très peur de lui. Il était donc condamné à errer seul à tout jamais et rejeté de tous.

 Un beau jour, il croisa une petite fille avec des couettes rousses. A sa vue, elle partie en courant à toutes jambes, puis voyant qu’il ne la poursuivait pas, elle le fixa de loin.

Le dimanche suivant, Boris participa à la chasse traditionnelle, et comme ce qui devait arriver arriva, il rentra bredouille et fut expulsé du domaine. Il passa ses nuits, seul, dans la forêt. Les lutins, les lapins de garenne et autres licornes à poils longs se riaient de lui, de cet ogre différent.

- Eh ! L’ogre ! Attrape-moi si tu peux ! Disaient-ils tous en chœur.

Boris ne réagissait pas. Alors que le matin se levait tout juste, Boris sentit un chatouillement sur le mollet, une petite fille le tapait sur la jambe.

- Salut l’ogre !

La petite fille avait deux couettes rousses attachées par des gros nœuds rouge et vert, elle portait une jupe-culotte en soie et un joli collier en pierres précieuses.

A son habitude, Boris ne réagissait toujours pas.

- Je sais bien moi que tu es un ogre gentil !

- Va t’en petite sotte sinon je vais te manger toute crue !

- Viens me chercher alors ?

L’ogre se mit à fondre en sanglot. La petite fille le consola.

- Un ogre gentil ça n’existe pas. Qui es-tu donc ? Reprit l’ogre.

- Je m’appelle princesse Lolisa du domaine de LuCyillol. Ravie de faire ta connaissance. Es-tu bien un ogre de la contrée voisine ?

Elle fit une révérence à l’ogre.

- Oui, je suis Boris et je suis bien un ogre, un vrai…

Après quelques échanges, ils se lièrent d’amitié et passèrent ainsi de nombreux jours ensemble à s’amuser comme des petits fous à travers les bois, les villages…Ils rirent beaucoup. Si bien qu’un jour, Lolisa voulut le présenter à sa famille.

- Non, je ne veux pas. Ils auront peur de moi.

- Mais non ! dit Lolisa. Tu es mon ami.

Lolisa arriva dans son village avec Boris. Dès que l’ogre mit un pied dans les terres tous les gens prirent la fuite en criant. La famille de Lolisa eût très peur, si peur, qu’elle chassa l’ogre à coup de pierre et Boris repartit seul se tapir dans les recoins les plus éloignés du bois voisin. Lolisa dit à sa famille qu’ils étaient tous méchants de réagir ainsi. Mais, elle fut punit et ne put sortir de sa tour pendant un long temps. Lolisa était la fille du Roi et de

la Reine

et vivait dans un magnifique château dans les hauteurs d’un village qui s’appelait « LuCyillol ». Elle se devait de montrer l’exemple et d’avoir une tenue digne de son ascendance royale.

Boris, pour sa part, crut que Lolisa l’avait oublié et il pleura toutes les larmes de son corps (c’est-à-dire beaucoup car il était bien gros et grand). Il pleura tellement qu’il fit déborder le ruisseau voisin ! Lolisa de son côté eut une idée. Une fois sa punition levée, elle partit aussitôt à la recherche de Boris. Elle marcha à travers bois et forêt, parcourut plusieurs villages à dos d’âne ailé.

 

Epuisée, fatiguée mais motivée, elle ne lâcha pas prise. Au bout d’un certain temps, elle finit par le trouver. Quant il l’aperçut souriante, il lui sauta au cou ! Elle fut légèrement étouffée par ce geste, forcément…quant un ogre vous saute au cou !

- Ecoute-moi, allons ensemble trouver le sorcier pour qu’il te donne forme humaine.

- Mais il n’existe pas, voyons ! Ce sont des légendes !

- Bien sûr que si ! Suis-moi…

Ils marchèrent longtemps, pendant des heures entières…Le jour allait bientôt tomber quand ils virent une cabane en bois. Ils racontèrent le problème au sorcier. Ce dernier concocta une potion. Cependant, il y eut un problème. Il manquait un ingrédient essentiel : de la poudre d’étoile.

- Comment ? dit la petite Lolisa. Cela n’existe pas !

Le sorcier ricana dans sa barbe (alors qu’il n’en avait pas !)

- Bien sûr que si ! Ca existe ! répondit Boris.

- Suis-moi…

Lolisa sourit. L’ogre l’emmena au bord de la rivière mitoyenne. Il écrasa des pierres, plus exactement des ardoises argentées. Il en fit de la poudre, qu’il mit soigneusement dans un petit sac en osier renforcé par un fin tissu de soie que lui avait confié le sorcier. Ils retournèrent ensuite à la cabane. Le sorcier leur dit à peu près ces mots :

- Bravo ! De la poussière d’étoile ! Aussi vrai que ce qui arriva, l’ogre devint humain, encore plus humain qu’il n’était déjà.

- Mais tu n’as pas changé ? Tu es le même !  s’exclama Lolisa.

Le sorcier dit tout bas :

- Va voir ta famille et conte leur l’histoire de l’ogre lumineux qui trouva la poussière d’étoile.

Lolisa, l’ogre Boris et le sorcier se saluèrent.

En chemin Lolisa et Boris croisèrent Grégoria qui poursuivait deux petits enfants égarés.

- C’est Foli et Boulo ! Non d’une licorne à pois ! Boris ! S’il te plaît fais quelque chose !

A ces mots Boris rugit ! Il rugit si fort qu’on aurait dit que sa voix avait enfin muée. Il attrapa les pieds velus et larges de Grégoria et ce dernier tomba la tête la première sur un rocher. Grégoria vit plein de petits oiseaux et perdit connaissance. Boris dit aux deux enfants égarés de fuir à toutes jambes. Foli et Boulo firent un signe de la tête et racontèrent à tout le monde ce qui s’était passé. Mais Grégoria se releva et prit dans sa main Lolisa.

 - Repose-là immédiatement ! dit Boris

 - Je vais en faire mon quatre heure ! Miam ! Elle a l’air si jeune et si fraîche. Peut-être devrais-je là garder pour la faire mijoter  avec un peu de sarriette … ?

A ces mots, Boris arracha un arbre et frappa sur Grégoria de toutes ses forces. Avant que son corps n’atteigne le sol, il réussit à prendre possession de Lolisa, effrayée mais heureuse. Il lui jeta délicatement de la poussière d’étoile sur le corps et Lolisa se sentit revivre. Il l’accompagna discrètement jusqu’à LuCyillol où la petite fille retrouva sa famille et ses amis. Puis, il partit. Ils prirent rendez-vous pour le jour suivant à l’orée des bois fauves pour aller ensemble s’imposer à LuCyillol. Boris était très angoissé, mais Lolisa paraissait apaisée et confiante. Pendant la nuit, autour d’un feu, elle avait raconté à sa famille et aux gens de son village l’histoire de Boris sauvant les deux garnements Foli et Boulo et la sauvant elle des griffes de l’infâme ogre Grégoria. Lorsqu’ils arrivèrent ensemble, main dans le doigt, ils entendirent de la musique, des cris de liesse, des odeurs de repas, de gâteaux. C’était la fête ! La fête pour Boris. En effet, tous portaient un regard neuf sur l’ogre Boris, il était devenu le sauveur, le héros. Il n’était plus ogre malgré son apparence mais un humain parmi les humains.

De plus, tous connaissaient la légende de la poussière d’étoile : il y a bien longtemps un sorcier avait jeté un sort maléfique dans la forêt et les toutes les terres avoisinant LuCyillol, le sortilège apportait misère et pénurie sur le royaume, auquel s’ajoutait la menace constante des ogres. Seul celui qui réussirait à trouver de la poussière d’étoile deviendrait le protecteur lumineux du royaume. Ainsi, l’ogre Boris fut celui-là. A partir de ce jour, ils virent tous Boris comme un protecteur et ils vécurent heureux tous ensemble. Malgré tout, ils n’eurent pas « beaucoup d’enfants ». La légende se poursuit tout de même, celle d’un ogre lumineux, qui aurait trouvé de la poussière d’étoile.

 

 

Moralité :

Le regard n’est pas figé, il faut juste lui montrer le chemin…La Confiance en soi et la Confiance donnée aux autres est au centre de l’humain.

 

 

CONTE D’UNE PETITE FILLE SOLITAIRE

 

 

 Il était une fois une petite fille aux cheveux bruns bouclés qui vivait dans une grande et belle maison en pierre, si belle qu’on aurait dit un château. La campagne alentour et le paysage étaient d’une splendeur inégalable. On pouvait y apercevoir des grands arbres verts, des buissons dorés, des chemins fleuris et de grandes prairies. Il était question du domaine forestier anciennement appelé FONBELLIT. La famille de la petite fille vivait ici depuis de nombreuses générations. Cependant, sa famille était assez étrange, ils vivaient tous reclus, coupés du monde extérieur. Malgré tout, en son sein, on s’y sentait bien aise et en paix. La petite fille qui n’avait ni frère, ni sœur, se nommait Opaline. Elle était d’une rare beauté, ses cheveux étaient les plus longs et les plus beaux de tout le pays, elle portait souvent de grandes robes roses, si roses que de loin on aurait pu la prendre pour un bonbon géant. Opaline était très timide, douce, gentille, aimable, et faisait la joie de son père et de sa mère. Opaline était aussi très gourmande, elle adorait les sucreries et surtout les biscuits au chocolat que lui préparait sa mère-grand lors de ses visites semestrielles. Elle aimait les déguster sur son grand fauteuil en velours rouge avec une boisson pétillante qui lui chatouillait le palais à chaque gorgée. Opaline s’amusait et riait d’un rien, et quand elle éclatait de rire on aurait dit que le monde entier souriait et s’offrait à elle. Sa vie, c’était le bonheur, c’était son paradis. Elle était différente des autres car en elle, elle possédait la joie de vivre. En sa compagnie, elle avait plein d’animaux en tous genres : des licornes, des lézards, des renards, des oiseaux-cygnes, des perroquets arc-en-ciel, des douts (très rares et en voie de disparition), mais aussi des chiens, des chats, des pigeons, des poules, des lapins. Elle disposait également de jouets merveilleux et précieux, elle en comptait par milliers, et elle les faisait vivre dans un univers bien à elle. Elle était reine dans son royaume. Elle était dieu dans son monde à elle.

Elle pouvait passer des heures entières à jouer. Elle comptait plus de vingt poupées « enfants », des poupées originales et précieuses qu’elle élevait depuis toujours : Sabrina, Cathy, Marine, Lucie, Cécile… Elle tirait les ficelles de tous ses objets inertes. Elle faisait vivre des peluches (une denrée rare à l’époque !) qui ainsi devenaient ses amis, ses ennemis, elle les chérissait, les punissait, les embrassait. Elle s’inventait des histoires des plus farfelues, réalistes, irréalistes, tragiques ou comiques.

- Toi Zaza la girafe tu seras mariée à l’âne Flip

- Toi pouffi à la mer !

- Et toi je te félicite tu as bien travaillé à l’école

- « Oui maman Opaline »  disaient-ils souvent

- « Je suis en retard, maman » disait Luxi

- « J’ai tâché ma robe… » …

 

Elle prenait une figurine femme, une figurine homme, des autres figurines encore susceptibles de s’assembler … concevait une micro-famille, faisait parler les ours, liaisons dangereuses, liaisons d’amour, haine…

- Pauvre famille misérable vivant dans la pénurie…que faire pour s’en sortir…

- Quoi ! Comment tu m’as trompé ! Trop dur !

- Je t’aime pour toujours Alyssa…

 

Durant de très longues années, elle se contenta de ce bonheur éphémère. Mais, un beau jour, elle n’eut plus goût à rien. Se levant, elle avait perdu l’appétit. Ses biscuits au chocolat n’avaient plus aucune saveur, sa boisson pétillante était fade et plate. La petite fille aux cheveux bruns ne croyait plus en rien. Ses jouets étaient devenus immobiles. Ils ne lui parlaient plus.

- Zaza, alors ? Comment va Brico aujourd’hui ?

- Zaza ?

- Pourquoi tu ne me réponds  pas ?

- Bon, Viens Emmanuelle, allons prendre le thé …

- Mais…Tu viens oui ou non !

- Emma ?...

- Décidément je ne sais pas ce que vous avez tous aujourd’hui !

- Dame Lucie ? Dame Cécile ?Puce ?...

Tout n’était que silence. Tout était vide et calme. Pas un mouvement, plus aucun bruit.

 

Opaline contemplait chaque jour le plafond, le ciel, les nuages pendant de longues et tristes journées. L’été, elle parlait au soleil, mais elle avait trop chaud. L’hiver, elle parlait à la neige, mais elle avait trop froid. En automne, elle donnait des coups de pieds aux feuilles mortes. Enfin, ce fut au printemps, qu’elle s’assit au bord d’un fossé, et qu’elle aperçut au loin une lumière qui scintillait. Eblouie, elle se frotta les yeux. Devant elle, se tenait une petite dame vêtue d’habits de lumière, avec de grandes ailes transparentes et un magnifique chapeau pointu. Dans sa main droite, Opaline pouvait apercevoir une baguette magique en cristal violet.

- Bonjour Opaline. Tu ne me connais pas encore. Pourtant, je veille sur toi depuis bien des années, d’ailleurs depuis toujours…J’étais présente à ta naissance, à ton baptême, le jour de tes premiers mots, le jour de tes premiers pas… je suis ta marraine, la fée Abrahna.

Opaline dévisageait cette petite dame avec attention.

- Tu sais Opaline, je t’observe depuis quelques temps. Tu as l’air si triste ? Comment se fait-il qu’une petite fille comme toi soit si solitaire ?

Opaline ne savait que répondre. Elle regardait toujours fixement la fée.

- N’aies pas peur de moi… je veille sur toi.

Opaline lui tendit une fleur rouge.

- Veux-tu un coquelicot bonne fée ?

Puis, elle lui tendit un bouquet de bleuets mélangés à des pissenlits.

- Peut-être préfères-tu des pissenlits ou bien encore des bleuets ? J’en ai ramassé un grand nombre, mais je n’ai personne à qui les offrir…ma mère en a déjà plein. Cela me ferait bien plaisir que tu les acceptes…

Abrahna prit le bouquet et le porta à son visage.

- Je suis si triste à l’intérieur. Plus rien n’a de goût, mes amis sont sans vie et ne parlent plus.

- Tu grandis Opaline. Tu t’ennuies.

- Mais personne ne veut jouer avec moi. Je me sens si seule.

- Il faut te trouver une véritable amie.

- Mais comment ? demanda Opaline. Il n’y a pas d’autres enfants à la ronde, et même s’il y en avait, ils ne me verraient même pas. Je suis si timide et personne n’ose me parler.

La fée Abrahna tendit à la fillette une pierre rose de forme étrange. On aurait dit une petite souris…

- Prend cette pierre. Suis ce conseil : si tu as peur ou si tu te sens affolée pour quelque raison que ce soit, à n’importe quel moment que ce soit, serre cette pierre très fort dans la paume de ta main en répétant « nima nimi niti zaza ! ». Et là, la magie demeurera…

La fée Abrahna disparut.

 

 Le lendemain, Opaline jouait vers le même fossé avec des cailloux en ivoire. Une petite fille aux cheveux d’or s’approcha d’elle.

- Bonjour ?

Opaline serra fort au creux de sa main la pierre que lui avait donné la fée en répétant dans sa tête nima nimi niti zaza ! Elle prit son courage à deux mains.

- Bonjour…moi…je m’appelle Opaline et j’habite ici depuis toujours.

- Je m’appelle Aurinah et je vis à la croisée des chemins…tout là-bas en face, je viens d’emménager au manoir de Saint-Victorien.

- Tu as bien de la chance, on dit que ce manoir est l’un des plus magnifiques de tout le pays.

- Il est vrai, mais seule, je m’ennuie un peu…

- Veux-tu être mon amie ? dit doucement Opaline

- Acceptes-tu de me prêter un de tes cailloux en ivoire ? demanda Aurinah

Opaline sourit.

- Bien entendu. Cela me fait même plaisir.

La pierre qu’elle tenait dans sa main frémit et devint bleue.

 

 Les deux petites filles avaient le même âge, Opaline était plutôt grande et maigre et Aurinah de plus petite taille et assez boulotte, mais elles avaient toutes les deux le cœur pur. Leur famille était assez aisée mais elles n’étaient pas de sang royal. Aurinah avait des yeux verts telle la vipère et Opaline les yeux d’un bleu saphir. Elles commencèrent à se lier d’amitié et passèrent la majeure partie de leur temps ensemble. Elles gambadaient à travers bois et champs ; elles s’inventaient des vies ; rêvaient au prince charmant qui un jour les emmènerait sur son cheval blanc.

Souvent, elles se disaient :

- Opaline, tu es la sœur que je n’ai jamais eue…

- Aurinah, tu resteras à jamais mon double, ma meilleure amie…

Opaline et Aurinah s’habillaient la majeure partie du temps de manière identique, avec des couleurs différentes. Elles choisissaient pour leurs anniversaires respectifs des cadeaux similaires. Elles dormaient souvent l’une chez l’autre. Elles ne se quittaient plus. Chacune faisait partie intégrante de l’autre. La terre aurait tremblé, le ciel aurait grondé, si un jour quelqu’un ou quelque chose aurait voulu les séparer. Elles s’étaient promis de rester ensemble pour l’éternité.

 

 Un beau jour, Aurinah vint trouver Opaline. Elle avait les larmes aux yeux.

- Qu’as-tu donc Aurinah ?

Je devais cueillir des fruits des bois pour ma mère-grand sur le chemin. J’en avais ramassé un panier plein, quand soudain j’ai entendu un bruit sourd. J’ai couru de toutes mes forces, j’avais cru voir le loup. C’est là que mon panier s’est renversé et que les fruits se sont écrasés par terre et ont tâché ma jolie robe. Je ne pourrais plus en ramasser autant et mère-grand va me gronder… car je serai en retard.

- Je ne peux rien faire pour ta robe, par contre, j’ai une idée. Allons ensemble cueillir d’autres fruits des bois, à deux nous irons plus vite et je t’aiderai à les porter à ta mère-grand.

- Tu ferais ça ?

- Bien sûr. Tu es ma meilleure amie.

La pierre devint blanche et frémit dans la main d’Opaline.

Après avoir demandé la permission à ses parents, Opaline et Aurinah partirent dans les bois. Elles ramassèrent un panier rempli de fruits des bois ainsi que des amandes douces qui faisaient la réputation du pays. Soudain, Aurinah entendit le même bruit sourd que quelques heures plus tôt.

- C’est le loup ! C’est le loup, Opaline !

- Mais, non … ce n’est qu’un petit renard qui doit se tapir dans le buisson !

Opaline s’avançât tout doucement vers le buisson, une grosse pierre à la main. Méfiante, elle marchait à petits pas. Tout à coup, un gros écureuil sortit du buisson. Opaline et Aurinah sursautèrent.

- Hé ! Mesdemoiselles ! N’ayez pas peur ! Je ne suis point le loup !

- Maudit écureuil ! Tu nous  as fait peur ! s’exclama Opaline

- Désolé… mais j’ai moi aussi le droit de cueillir des amandes ! Il n’y a aucune loi qui empêche les écureuils de ramasser des fruits secs que je sache…

Il partit, vexé, la queue en panache et une amande dans la gueule… Les fillettes se mirent à rire…

 

Un autre jour, par une rude après-midi d’automne, Aurinah frappa au carreau de la fenêtre, un sac rempli de poupées multicolores dans les bras. Opaline l’avait invitée à jouer dans sa chambre. Ensemble, elles avaient mélangé leur deux univers imaginaire pour créer le leur. Tous les jouets avaient repris vie.

- Bonjour taty Aurinah se prêtait à dire Marine

- Bonjour tante Opaline disait Kathia…

- Alors, il revient me voir quand mon copain le lapin ? disait souvent pouffi (d’ailleurs il en devenait un peu lourd !)

Après un long moment, Aurinah vint trouver Opaline qui était de l’autre côté de la pièce, coiffant une de ses poupées-enfant.

- Je ne mérite plus que tu me parles. Je suis mauvaise.

- Opaline ne comprenait pas.

Aurinah tenait dans sa main une tête d’hamster en peluche.

- J’ai tué Sorbetin. Sa tête s’est coupée alors que je le lavais dans la baignoire. Je ne savais pas trop comment te le dire… Si tu savais à quel point cela m’attriste…Je m’en excuse profondément…

Opaline était atrocement triste et en colère. Sorbetin, son hamster ! Son tout ! Son fils ! Comment cette monstrueuse petite fille avait-elle pu commettre un acte aussi horrible.

- Je n’y crois pas ! Je te prête tous mes amis, je te laisse les chérir et les amuser… et toi… Sale sotte ! Tu les maltraites ! Assassin ! Tueuse de hamster ! Va t’en ! Je ne veux … plus jamais…te revoir !

Malgré tout, et malgré ces mots, elle serra fort sa pierre en forme de souris.

Aurinah prit son manteau sur le rebord du lit d’Opaline. De grosses larmes coulaient sur son visage d’ange. Un instant passa comme si le temps s’était figé. Aurinah était sur le point de franchir le seuil de la porte. Quand, soudain, Opaline prit Aurinah dans ses bras. Elle lui murmura …

- Après tout, c’est pas si grave…ça arrive…Je te pardonnes… Excuse-moi aussi …j’aurais pas dû dire tout ça… dit Opaline

La pierre scintilla et disparut de la main d’Opaline.

 

  Le surlendemain, les deux amies allèrent ensemble chercher de l’eau à la rivière pour leurs familles respectives qui commençaient à devenir également proches. Sur le chemin, elles croisèrent une vieille dame qui ressemblait étrangement à la fée Abrahna.

- Bonsoir mesdemoiselles. Ah…je vois bien que vous êtes les meilleures amies du monde. Vous êtes chanceuses. Vous connaissez donc les vertues de base de l’amitié : partage, protection et pardon. L’amitié est un sentiment pur et innocent. Gardez à tout jamais ce don si précieux…

Après avoir entendu son propos, les deux fillettes saluèrent la vieille dame qui prit congé. Elle partirent en se donnant la main, tout en cheminant en chanson : « dans ce monde interplanétaire où je plane, plane, plane au dessus de la terre…» (Très futuriste pour l’époque !). Malheureusement, au fil du temps, Aurinah et Opaline se perdirent de vue… Quelques années plus tard, Aurinah déménagea dans un royaume lointain et essuya grande perte. Opaline fit également sa route et devint Reine d’Aixrispa, connut sa somme de bonheurs et ses propres malheurs. Aujourd’hui, les poupées d’Opaline sont dans un placard. Opaline vit avec son prince charmant, et dans son cœur, le souvenir demeure, elle repense souvent à Aurinah.

Il est une rumeur qui dit que la fée Abrahna serait la marraine de l’humanité, et qu’elle veillerait sur chacun de nous pour l’éternité.

 

 

Moralité : Gardez, gardez le plus longtemps votre pureté d’âme, la fée Abrahna veille sur vous …

« Anne, ma sœur Anne ne vois-tu rien venir ? »

 

Anne ne voyait rien ni personne venir. In extremis, pourtant la femme de

la Barbe

bleue fut sauvée de cet abominable et terrible monstre qui fait encore trembler les petits mais aussi les plus grands.

 

L’histoire que je vais vous raconter vous ne la connaissait sans doute pas. Pourtant, il semblerait qu’elle se soit déroulée il y a très longtemps dans une contrée très très lointaine. A l’image de l’histoire de

la Barbe

bleue, la curiosité de la princesse Havalina, c’est ainsi que ce nomme le personnage, a été plus grandement punie. Que vous croyiez ou non à cette fable, qu’elle ce soit bien ou mal terminée, sachez juste qu’Havalina n’a pas eu autant de chance que la femme de

la Barbe

bleue… Si vous aussi vous voulez céder à la tentation, laissez-vous aller à la curiosité et écoutez ce récit que vous n’entendrez pas ailleurs… Ne vous inquiétez pas vous de risquez rien de terrifiant, si ce n’est l’émerveillement …

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

HAVALINA au royaume de LAZARE

ou

La petite fable sanglante de la curiosité

 

Il était une fois dans une contrée très très lointaine, une jeune femme appelée Havalina qui, depuis peu, avait rencontré un prince et avait quitté son hameau natal et sa mère grand avec qui elle avait vécu depuis sa tendre enfance. Dès son arrivée au château de Vasalia Vasirum, ainsi se nommait le domaine du roi Lazare, père du prince qu’allait épouser Havalina, elle se sentit très en joie. Malgré tout, elle ressentait une impression étrange. Au bout de quelques jours, la préparation des noces et la rencontre avec la famille du prince lui firent oublier son pénible sentiment. Le roi Lazare était veuf depuis déjà un certain temps, et avait épousé une femme du nom de Féroline. Elle était très grande et d’un teint très blanc, elle ne parlait point et personne ne savait d’où elle venait réellement. Quand elle fut présentée à Havalina, elle se contenta d’un sourire froid, mais la future épouse du prince n’y avait prêtée aucune attention. Havalina attendait avec impatience le jour de son mariage avec le prince, le prince Arlan, héritier du domaine de Lazare. Arlan était le plus beau prince de tout le pays et on se prêtait à dire qu’il n’y avait pas plus bel homme sur cette terre. Havalina essayait des robes dans ce qui était devenu ses appartements, toutes plus splendides les unes que les autres. Soudain, elle s’aperçut que la porte était entrouverte, elle se mit alors à regarder à droite et à gauche, et ne voyant rien, elle se dirigea vers le grand escalier de marbre qui menait à l’étage.

- Il y quelqu’un ?  dit-elle d’un ton timide.

Mais, personne ne lui répondit. Un bruit sourd attira alors son attention, la porte de ses appartements venait de se refermer et un souffle glacial lui transperça le corps. Elle reprit le chemin inverse, rentra dans la pièce qu’elle venait de quitter, il n’y avait personne. Havalina continua à essayer ses robes en se regardant dans la le miroir. Le soir, durant le repas, Havalina semblait soucieuse. Le prince Arlan et le Roi Lazare parlaient de leur journée de chasse quand soudain Féroline se retira sans mot dire. Profitant de l’absence de cette dernière, et emportée par une curiosité innée, Havalina se permit de demander dans quelles circonstances la feue femme du Roi Lazare avait disparue. A ces mots, le roi Lazare serra le verre qu’il avait dans sa main et le brisa, le vin qu’il contenait se repentit sur la table laissant une tâche rougeâtre sur la nappe blanche. Il rugit :

- Je ne veux plus jamais entendre parler de ma feue femme en ma présence, est-ce bien clair !?!

 Havalina, étonnée et inerte, ne savait plus que faire. Le roi sortit de table, et un silence pesant pris place dans le salon. Arlan ne dit mot.

 La nuit, Havalina ne dormait pas, elle songeait à son impertinence et à son indiscrétion. Ne dormant toujours pas, elle mit ses chaussons et se leva discrèment pour ne réveiller personne. Elle descendit le grand escalier de marbre et s’assit devant la cheminée.

- « Havalinaaaaaaaaaaaa ! »

 Elle entendit une voix mais crut qu’elle avait rêvé. Elle ressentit le même souffle glacial que la fois dernière et, prise de panique, elle remonta l’escalier rapidement quand elle croisa Féroline. Cette dernière murmura un son quasi inaudible :

- « Mo…a…lis »

 Havalina effrayée lui demanda de répéter.

- Pardon ? dit elle d’un ton très méfiant.

- « MO…A…LISS » « ASSSSAS… ».

Tout à coup, Arlan sortit de la chambre, Féroline repartit dans ses appartements et Havalina resta prostrée, immobile. Arlan, lui sourit gentiment, la prit par la main et la reconduisit dans ses appartements. Elle garda les yeux ouverts toute la nuit. Les jours passèrent et plus rien ne vint perturber l’équilibre familial. Les noces du prince Arlan et d’Havalina furent célébrées dans les meilleurs conditions, on y fit bonne chaire, y dansa beaucoup, et y bu abondamment. Havalina devint la princesse Havalina de Vasalia Vasirum.

 

Quelques années passèrent, Havalina avait pris son rôle de princesse très au sérieux. Elle était aimée et adulée du peuple, qui vivait dans une abondance certaine. Féroline était, pour sa part, de plus en plus distante, et le roi Lazare de plus en plus bougons. Malgré cette pesanteur apparente, Arlan et Havalina coulaient des jours heureux. Mais voilà qu’un jour, par un beau matin d’été, Arlan vint trouver Havalina.

- Chère femme, je vais devoir m’absenter… je pars pour aider les soldats de Frigoul. Je n’y vais qu’en renfort et s’il venait à m’arriver malheur…je veux que vous soyez forte.

A ces mots, Havalina défaillit. Arlan la rattrapa in extremis avant qu’elle ne choit sur le sol.

- N’ayez crainte, madame. Il ne m’arrivera rien…et vous serez en bonne compagnie au royaume.

 

 Dès le lendemain, Arlan partit. Havalina en fut très peinée. L’ambiance du château n’avait point changé. Pourtant, un soir, le roi Lazare prit à partie Havalina.

- Cher Madame, vous savez combien Arlan vous aime, mais la distance qui vous sépare semble vous attrister de trop…ainsi je me propose de vous accueillir dans mes appartements pour la durée de son séjour guerrier.

Havalina resta prostrée. Ce propos semblait signifier que… non, Havalina ne se rendait pas à l’évidence. Elle avait dû mal interpréter.

- Cher roi Lazare, avec mon plus respect, je vous assure que ma personne se portera très vite beaucoup mieux et que le prince Arlan sera très vite de retour.

- Très vite sûrement pas, dit Lazare

- Comment cela ? s’étonna Havalina

- La guerre se poursuit et l’ennemi gagne du terrain, peut-être même qu’Arlan ne reviendra jamais…

Havalina s’excusa et regagna ses appartements. Elle se jeta sur son lit et pleura toutes les larmes de son corps. C’est alors qu’un frisson glacial traversa son corps. Puis, plus rien.

Havalina écrivit une lettre à Arlan. D’ailleurs, ses journées furent dès lors occupées à écrire au prince et attendre de ses nouvelles, nouvelles qu’ils donnaient rarement, mais, qui pourtant semblaient la rassurer. Au fil du temps, le roi Lazare devenait de plus en plus entreprenant, et Féroline ne sortait plus de sa chambre. Havalina était désespérée. Elle racontait à Arlan ce qui se passait ici mais Arlan ne semblait pas la croire.

Les lettres d’Arlan étaient très froides et de plus en plus irrégulières voire quasi inexistantes, Havalina n’avait plus de réponse depuis trois longues semaines.

Un soir, alors qu’elle se promenait dans les jardins royaux, elle entendit un bruit sourd.

- « Havalinaaaaaaaaaaaa ! »………… « Havalinaaaaaaaaaaaa ! »

Havalina se retourna et perçut alors une silhouette blanche. Un air glacée lui parcourut le corps.

- Je n’ai pas peur ! dit Havalina

- Qui êtes-vous ?

- Que voulez-vous ?

- « MO…A…LISS » « ASSSSAS… »

Ces mots, elle les avait déjà entendus.

Elle s’approcha lentement de la silhouette qui peu à peu se révélait à elle.

-Féroline ?

Féroline se tenait là devant elle.

- parle-moi donc !

Mais, Féroline ne parlait pas, elle prit alors violement Havalina par la main et l’entraîna derrière le château. Féroline ouvrit une trappe et elles descendirent toutes deux un escalier tortueux, très sombre, qui menait à une cave.

Féroline tendit un livre à Havalina. Cette dernière se mit à lire.

Sans retranscrire les mots exacts, Havalina eut des révélations terribles.

Il y a très longtemps le royaume de Vasalia Vasirum était sous l’emprise des ogres « GROUGHT », les ogres les plus laids et les plus méchants que l’on ait jamais connus en ce monde. C’est le père de Lazare qui les en avait chassé en gagnant un sanglant combat avec ses troupes. Ainsi, le père du roi Lazare, le roi Gontran, devint le roi, et régna pendant longtemps sur Vasalia Vasirum. Seulement voilà, il était clairement écrit sur ce grimoire qu’avait révélé Féroline à Havalina, que le roi Gontran fut très épris d’une belle ogresse du peuple des ogres « GROUGHT ». L’histoire veut que le roi Gontran et l’ogresse eurent ensemble un enfant. Certains se laisseraient penser qu’il s’agirait de Lazare lui-même et d’autres que l’enfant n’aurait jamais exister. Peu de temps après, le roi Gontran se maria avec une femme qui mourut en couche et lui donna un fils. Le roi mourut de vieillesse et son secret partit avec lui. Son fils le roi Lazare prit donc la tête du royaume.

Havalina ne comprenait pas où voulait en venir Féroline. Elle lui montra une lettre.

« Cher Gontran

Lazare est ton fils, mais il est ogre. Il est à toi de savoir si tu veux ou non le garder, moi je pars en te laissant avec ce lourd fardeau… Si tu veux que cette malédiction s’achève, il te faut tuer un enfant en bas âge et trois femmes récemment mariées, sinon toutes les générations suivantes de sang royal seront ogre, c’est le sorcier des « GROUGHT » qui a jeté se sort pour que l’empire ne s’éteigne jamais.

Adieu Gontran je me meurs… il est temps pour moi de quitter cette terre que je ne saurais souffrir plus longtemps.

Bernadette de Grought »

 

Havalina compris tout, l’enfant en bas âge serait donc le frère de Lazare qui avait été sacrifié par Gontran, ainsi que sa propre femme qui n’était pas morte en couche, puis il s’en serait pris à la femme de Lazare Moalisa et il n’eut pas le temps de finir son projet …Donc Lazare est bel et bien un ogre … et Arlan pourrait alors…

Lazare ouvra la trappe et hurla :

- Havalina, tu as tout compris ! Je suis un ogre… c’est moi qui lutte depuis ce temps contre le maléfice ! Il ne me reste qu’une femme à tuer ! Féroline, issue d’une famille d’elfe, a survécu à sa mort grâce à son immortalité, mais elle en garde de très lourdes séquelles.

Il reprit :

- Toi, Havalina, tu seras la prochaine ! Arlan est loin et ne se doutera de rien.

Il prit Havalina par les cheveux la traîna dans l’escalier et sortit dans les jardins. Il l’étrangla sauvagement et la croqua.

Arlan crut toujours qu’elle était morte de chagrin…

Féroline disparut et on n entendit plus jamais parlait d’elle.

 

Moralité : À trop vouloir tout savoir et tout comprendre on finit par en laisser sa vie.

 

 

Texte intégral / Première édition de L’Ogre Lumineux

 

(+version sonore : www.commelaplumeauvent.com et www.clpav.fr)

 

Les Contes du Tiroir : Michaëla Degui © 2006

 

Du même auteur:

la Trilogie

des Gobelins

 

Illustrations originales : Giliane-Claire Bourdon © 2006

22 mai 2007

La Triologie des Gobelins

«

La Trilogie

des Gobelins » vous présente un univers bien particulier et personnel qui peu à peu se met en place et promet peut-être de découvrir et de retrouver encore plein d’autres aventures du peuple Gobelin.

 

« Il était une fois un arbre magique dans lequel vivaient de minuscules petits lutins qu’on appelait les Gobelins farineux. Depuis déjà deux millénaires, ils s’épanouissaient et prospéraient, heureux, libres et paisibles dans leur petit royaume de Croulebarbe […] »

 

LA TRILOGIE

DES

GOBELINS

Par Michaëla Degui

 

 

A tous les Gobelins du monde entier…

Un grand merci à Vivien, Giliane et Sabino qui ont cru en moi…

 

 

M.D.

 
Les Gobelins Farineux……………………..……..p 4

 

 

Les Gobelins Sableux……………………………..p 15

 

 

Les Gobelins goudronneux……………………….p 26

 

 

 

Les Gobelins Farineux

 

 

 

Il était une fois un arbre magique dans lequel vivaient de minuscules petits lutins qu’on appelait les Gobelins farineux. Depuis déjà deux millénaires, ils s’épanouissaient et prospéraient, heureux, libres et paisibles dans leur petit royaume de Croulebarbe. Les Gobelins étaient des petits êtres constitués simplement d’eau et de farine. De ce fait, ils se nourrissaient essentiellement d’eau pure et de minéraux. Pour subvenir à leur besoin, ils partaient tous en rang (les Gobelins étaient très disciplinés) deux par deux en file indienne, avec des sceaux à la main, afin de récolter assez de liquide pour les prochaines semaines à venir. Ils réitéraient cette quête vers

la Bièvre

tous les 1er du mois de Juillère (mois de juillet dans le langage des Gobelins). Le chef des Gobelins farineux était un vieux Patriarche du nom de Grundor, il était très gentil et très souple avec son peuple. Malgré tout, il pouvait parfois être très exigeant si ses sujets manquaient à leurs devoirs. Grundor avait un fils, qui avait lui-même une fille du nom d’Elfira. Le fils de Grundor cherchait à marier son Elfira qui, trop timide et trop craintive, essuyait chagrins d’amour sur chagrins d’amour, et n’arrivait pas à trouver chaussure à son pied. Elfira était une Gobeline (ainsi nommait-on les femelles Gobelins) très belle et très gentille à l’image de sa feue mère. Elle avait une couleur blanche transparente et un teint lumineux que toutes les autres Gobelines lui enviaient. Ses yeux était en forme de paillettes, ses cheveux bleues turquoises et ses oreilles étaient très longues et très pointues (signe extérieur de beauté chez les Gobelins farineux). Le seul problème était qu’Elfira était très sensible et de santé trop fragile. Un beau jour, sa constitution commençait à faiblir et son corps à se ramollir, l’eau qu’elle buvait par quantité ne suffisait plus à la renforcer. Cependant, le sort s’acharna, d’autres Gobelins et Gobelines commençaient à se sentir pâteux et faibles. De ce fait, le roi Grundor convoqua les troupes d’urgence, et les missions de la récolte de liquide furent doublées, car l’eau manquait et les Gobelins étaient de faible consistance. Ainsi, les premières troupes partirent en quête de liquide vers

la Bièvre

, mais rien n’y faisait. L’eau était consommée en abondance et les Gobelins étaient tous plus faibles les uns que les autres. Les missions furent alors triplées, quadriplées… mais toujours rien n’y faisait. C’était devenu la guerre pour une goutte d’eau.

- Rend moi mon sceau d’eau !

- Non, c’est le mien !!

- Pousse toi !

(Voici à peu près quelles étaient les conversations des Gobelins durant cette période).

L’eau fut dès lors rationnée afin qu’elle soit répartie entre eux en part égale. L’épidémie gagna malheureusement du terrain, certains Gobelins moururent…d’abord les plus vieux, puis les plus jeunes. Le peuple était en alerte. Grundor fit alors une réunion de tous les Gobelins et confia au sorcier du village un échantillon de liquide à analyser.

Lors d’une autre réunion au sommet présidé par Grundor (il y en eut beaucoup car aucune solution n’était viable), Elfira avait insisté pour être présente. Elle fut donc escortée par des gardes royaux jusqu’aux locaux où se tenait le conseil. Durant le chemin, tout le peuple était descendu dans la rue pour la saluer. Derrière un arbre, un petit Gobelin la regardait avec grand respect mais aussi avec délectation. Il admirait son port de tête, ses magnifiques et longs cheveux, sa grande beauté inégalable. Soudain, il reçut une pierre sur la tête et vit deux Gobelins garnements s’enfuir en criant :

- T’es si petit qu’elle te voit pas ! T’es si petit qu’elle te voit pas !

Le petit Gobelin se sentit rougir de honte et rougir de colère. Il s’en alla la tête baissée.

 

Deux semaines passèrent, encore bien d’autres Gobelins périrent, ramollis…car sans eau la farine dont il était constitué n’était pas solide et sans solidité les Gobelins mouraient aplatis, tous mous… Elfira était aux portes de la mort, agonisante. Son état peinait fortement sa famille ainsi que le peuple, qui voyait en elle une future reine. Par un beau matin d’été, le sorcier tira ses conclusions, l’eau de

la Bièvre

était polluée ce qui détruisait peu à peu le peuple Gobelin. Ce fût alors la panique générale : 

- Nous allons tous mourir … dit un Gobelin

- C’est la faute des humains, ils détruisent la planète ! cria une Gobeline

- C’est l’apocalypse ! dit un autre

- Dieu nous punit !

- Qu’allons nous faire !

 

 Grundor, qui était un chef optimiste, lança des troupes à travers le pays pour trouver de l’eau potable, mais hélas ses hommes amoindris ne pouvaient pas aller bien loin, et même les plus vaillants ne trouvaient point d’eau non-polluée. Tout contribuait à cette pollution : gaz toxiques, détritus en tous genres, épidémies… Alors, devant l’abattement général et cette démotivation, Grundor eu une idée : « celui qui, parmi vous tous, arrivera à faire en sorte que l’eau ne soit plus polluée épousera Elfira et deviendra Roi de Croulebarbe. »

Etonné, le peuple se dispersa.

Tous les jeunes Gobelins (secrètement amoureux de la belle Elfira) partirent en quête d’une solution, mais rien à faire, le temps passait, beaucoup de Gobelins disparurent, périrent…et Elfira était désormais entre la vie et la mort.

Quand un beau jour, un Gobelin vint voir Grundor :

- Grand chef tout puissant, j’ai votre solution

Grundor le regarda avec un large sourire.

- Ah, mon brave rentre donc chez toi et soutiens ta famille, elle en aura besoin…

Le Gobelin qui s’adressait au roi était très petit, tout ramolli et n’avait pas l’air très vaillant. Il s’appelait Pilbus Creitu Froplon de Lacre mais tout le monde le surnommait « Pilbus Cactus » car son nez était si pointu qu’on aurait pu s’y piquer…

- Grand Grundor, quand je reviendrai tout le peuple sera sauvé et j’épouserai Elfira.

- Bien, Pilbus, bien…marmonna Grundor (sans se préoccuper de lui).

Pilbus partit. Bien résolu à sauver son peuple. Il rentra chez lui, prépara son baluchon et salua sa famille. Personne ne le prit au sérieux.

 

Son frère lui dit :

- A tout’ « Pilbus Cactus »

Sa sœur lui conseilla :

- N’oublie pas ton biberon, tu risquerais de t’aplatir !

Son autre sœur :

- Que la force soit avec toi …jedi Pilbus (les Gobelins étaient des fans de

La Guerre

des Gobelins)

Sa mère laissa tout de même échapper une larme, et son père cria, tout en ricanant :

- Si Pilbus devient roi, qu’une queue de ragondin nain me pousse dans la seconde !

 

Pilbus quitta ainsi l’arbre magique de Croulebarbe. Il traversa des routes, des flaques d’eau, des flaques d’huile, évita des excréments canins, des détritus (tout prend une réelle ampleur quand on la taille d’un Gobelin et qu’en plus on est petit !).

- Sauve-qui-peut ! une araignée géante

-  Je n’ai pas peur… je suis le plus fort… se répétait Pilbus.

 

Pilbus vit enfin la nuit tomber. Il était seul, il avait froid, il avait peur. A vrai dire il n’avait aucune idée en tête mais comme jamais personne n’avait cru en lui il voulait leur prouver à tous qu’ils avaient tort et qu’ils s’étaient mépris. Pilbus avait toujours été le plus petit, le dernier de la famille, le gentil et brave Pilbus que personne ne voyait. Pourtant, lui le savait, il épouserait Elfira et deviendrait Roi de Croulebarbe !

Dès le lendemain matin, Pilbus repris son chemin. Il avait déjà dépassé le niveau de

la Bièvre

quand il se retrouva au bord de la grande route. Impossible de traverser, ni d’aller plus loin, aucun Gobelin n’avait jamais franchi cette ligne dite « la ligne de la mort ». Pilbus s’avançât, une voiture passa et lui envoya un souffle qui le précipita contre la vitrine d’un magasin. Il fut tout écrasé, mais il se remit vite. Soudain, il eut une idée. Il allait prendre le métro ! Si personne ne l’avait jamais fait non plus, lui, il le ferait : le premier Gobelin farineux à prendre le métro ! Arrivé péniblement au bord des quais du métro, il choisit de passer la nuit dans la station, bien caché. Il croisa un cafard sur sa route :

- Oh, oh ! Un Gobelin dans le tromé !!

- Oui je suis bien un Gobelin ça t’étonne !

- Que fais-tu là, l’ami ?

- Je vais prendre le métro demain dès l’aube…

- Ah oui ? Et comment vas-tu t’y prendre ? Le temps que tu sautes la porte se sera déjà refermée sur toi pauvre idiot !

Le cafard reprit sa route car il entendit des pas. Pilbus s’empressa d’aller se tapir dans un recoin.

Il était encore tôt car un grand bruit éveilla Pilbus. Le métro arrivait. Il analysa les métros pendant de longues heures, comment allait-il faire…il ne pouvait certainement pas sauter, il était trop petit, puis il se décida. Il s’agrippa aux mollets d’une vieille dame qui s’apprêtait à monter (vu la taille d’un Gobelin, la vieille dame ne pouvait le sentir s’aggriper). Pilbus retint son souffle. Enfin, il était à l’intérieur du métro. Il réitéra la même mise en scène pour en sortir. Pilbus descendit à « Saint-Marcel ».

Pilbus avait devant lui plusieurs sorties et ne savait pas laquelle emprunter. Il sauta du mollet du jeune cadre supérieur sur lequel il avait élu domicile, mais c’était l’heure de pointe, le pauvre Gobelin se retrouva pris au piège dans la foule ascendante, descendante, oppressante…Il était totalement perdu. Il évita un pied, deux pieds, une béquille… Pilbus ne pouvait même plus respirer, une odeur nauséabonde le saisit et il se mit à tousser de plein poumons jusqu’au moment où il évita de justesse un gros tube incandescent, un mégot de cigarette, au mois trois fois plus grand que lui, tombée à sa droite.

- Je croyais qu’il était interdit de fumer dans les lieux publics ! pensa t-il écoeuré…

Pilbus se ressaisit, il se retrouva malencontreusement sur un escalator, un véritable objet de torture pour lui. Il se hissa comme il le put sur la main courante et termina son parcours projeté dans les airs. Il allait au final atterrir sur une chaussure pointue, où là il fut à nouveau éjecté contre une poubelle. A cela, il fut tour à tour trimbalé dans un sac de « Vite » (les Gobelins ont le droit de citer les marques), où il manqua de se noyer dans un croca-cola light lemon. Sa peau farineuse commença également à se dissoudre, ses menues mains à faire des bulles comme une aspire dans un verre d’eau. Il était effervescent, mais il fut sauf. Jusqu’au moment où il faillit congeler au contact des glaçons, bien que sa constitution en fut consolidée ; puis il s’embourba dans un chewing-gum ; atterrit sur un i-pod ; dans le chapeau d’un mendiant ; sur l’épaule d’un supporter de football… Pilbus n’en pouvait plus… mais au loin il vit la lumière du jour et continua sa route jusqu’à sa rédemption.

 Il mis précisément deux jours pour sortir de la rame (heureusement qu’il n’était pas descendu à « Châtelet les Halles »), il manqua de se faire écraser plusieurs fois mais le plus important c’est qu’il y était arrivé.

Quand il sortit dehors, il pleuvait, un vrai régal pour lui (les Gobelins adorent la pluie), il se dirigea vers l’hôpital de

la Pitié

Salpêtrière.

Il parcourut les nombreux recoins et autres labyrinthes sinueux qui s’offraient à lui. Il atteint au bout de quelques heures, complètement épuisé le laboratoire. Par manque de chance, il tomba dans une fiole remplie d’une eau verdâtre. Il tenta de se maintenir à la surface quand tout à coup il y parvint. La potion de la fiole contenait un liquide indéfini qui le rendit surhumain ou plutôt « surgobelin ».

Que contenait donc cette fiole à laquelle il avait survécu en acquerrant une force extraordinaire ? Pilbus se cacha derrière un microscope et tendit son oreille pointue. Une laborantine était au téléphone :

- oui, oui, exactement ce que j’ai fait. J’ai mélangé des épinards et de la sueur de requin cloné mais ça ne marche pas !

- Non, je t’assure doc.

- Rien pas un biceps, pas un muscle, rien.

- Ca ne marche que sur Popeye !

Pilbus se mit à rire, et dans sa tête, il se dit :

- Sur Popeye et sur les Gobelins !

Il poussa un gloussement de rire, il riait tellement qu’il s’en tenait les côtes, si bien qu’il fit tomber un tube à essai qui traînait à sa gauche. La laborantine, qui avait raccroché, se retourna et le vit.

- Mon dieu ! s’écria t-elle

Quelqu’un ouvrit la porte. Pilbus paniqua.

- Qu’y a-t-il docteur Carter (« oui » comme dans la série Urgence mais c’est pas le même !), je vous ai entendu crier de l’autre bout du couloir.

- J’aurais juger avoir aperçu une espèce de…

- Une espèce de quoi ?

- De pâte à gâteau mouvante, une sorte de …je crois que j’ai vraiment besoin de vacances !

Pendant ce temps, Pilbus en profita pour se sauver de cette pièce. Il déboula dans la réserve du laboratoire qui était presque déserte. Il y vit plein de fioles et médicaments en tous genres… Une grande cage avec des gros rats blancs, les yeux rouges, écarquillés, et l’air complètement défoncés, retint son attention. Ils répétaient en chœur :

- Je le vaux bien, Je le vaux bien, Je le vaux bien !!!

 

Pilbus chercha désespérément un produit susceptible de rendre la pollution inactive, mais il était partit à l’aventure et ne savait pas vraiment où chercher, que chercher, en plus il ne savait pas lire. La partie était perdue d’avance. Comme prévu, il ne trouva rien. Il prit alors le chemin du retour, Pilbus avait renoncé. Il pensait qu’il allait errer dans les rues le reste de sa vie, car jamais il ne subirait l’humiliation de rentrer chez lui bredouille. Sur sa route, tout triste, il croisa un Gobelins…

- Quoi ?! Comment ?! Mais les Gobelins ne vivent que dans l’arbre magique ! s’exclama Pilbus.

- Non, je fais parti des Gobelins « sableux » ! cria un minuscule Gobelin à l’image de Pilbus mais plus jaune.

- Et comment faites vous pour vous nourrir avec toute cette pollution ? Toi aussi tu es en quête ?

- Non ! Nous nous ne buvons plus d’eau mais du vin…

- Et comment faites-vous pour vous en procurer ?

- Rien de plus facile ! Nous cultivons des raisins microscopiques depuis des générations et nous ne risquons pas d’être en manque. Vous êtes un peuple sous-développé ou quoi … !?

- Peut-être…mais quoiqu’il en soit, il me faut de l’eau non-polluée pour que mon peuple soit sauf…

- Pour cela va voir la sorcière de la rue Bouffetard, un conte dit qu’elle est mauvaise mais c’est faux, elle te donnera « l’étincelle glaciale » et tu pourras survivre avec les tiens. Elle nous a été d’un grand secours il y a fort longtemps. Mais, attention ne te fis pas à ses apparences farfelues…elle est très gentille.

Au passage, il lui tendit un petit paquet. Puis lui dit :

- Bonne route Gobelin.

- Adieu Gobelin et merci

 

Grâce à sa force surhumaine le Gobelin Pilbus marcha très vite mais les effets de la potion commencèrent à s’atténuer peu à peu. Arrivé à la rue Bouffetard, il eu de la chance et tomba nez à nez ou plutôt nez à pied sur la sorcière qui faisait son marché. Pilbus était dans un état d’extase. Il se voyait déjà de retour dans l’arbre magique, accueilli par un haie de Gobelins, mariée avec l’amour de sa vie, Elfira, et roi de Croulebarbe, le héros qui sauva le peuple de la déchéance… Comme la sorcière ne le voyait pas, il lui pinça l’orteil en hurlant de toutes ses forces.

- aieeeeeeeeeee, c’est quoi c’delire là

- Eh ! Oh ! M’dame la sorcière !

- Quoi, qui…qui me parle… ??

Elle balançait le pied et Pilbus s’y accrochait de toutes es forces pour ne pas tomber…

-  Eh ! Oh ! M’dame la sorcière !

- Un Gobelin ! Nom d’une pipe en bois !

- Mais, tu es un farineux !

- Je m’appelle P… Pilbus Creitu Froplon de Lacre et je vous demande de l’aide au nom du royaume de Grundor.

 

Pendant ce temps là, dans l’arbre magique c’était assez triste, la situation empirait, de plus en plus de Gobelins succombaient, plus personne ne faisait d’effort, et Elfira souffrait. Le roi lui-même commençait à s’affaiblir. Ils avaient tous oublié Pilbus pensant qu’il était mort. D’ailleurs, seule sa mère en était très très en peine, si bien qu’elle ne s’alimentait même plus en minéraux.

 

Revenons plutôt à la discussion entre notre Pilbus et la sorcière.

La sorcière répondit à Pilbus :

- On t’a parlé de « l’étincelle glaciale » ?

- Oui

- Je ne veux pas te la donner

- Pourquoi ?

- Parce que tout le monde me prend pour une méchante sorcière et c’est pas vrai, alors je boude.

- Quoi ?

- Oui, et puis, qu’est-ce que tu veux moi aussi j’ai mon petit caractère. Veux pas.

- Mais…

- Y’a pas de « mais ». Veux pas.

Elle se mit à rire grassement.

- Je rigole petit Gobelin

- Pilbus ! dit Pilbus énervé

- Je vais t’aider à récolter « l’étincelle glaciale » mais pour cela tu dois d’abord trouver l’antidote.

- J’ai bien du mal  à vous suivre…

- Je peux obtenir des nuages de « l’étincelle froide » mais tu connais la différence entre « froide » et « glaciale » Pilbus ?

- Plus froid que froid

- Oui, comme dans la publicité…À cause du réchauffement de la planète, je ne peux plus obtenir directement de« l’étincelle glaciale ».

A ces mots, tous les espoirs ne Pilbus étaient vain… « l’étincelle Glaciale » n’existait plus…son peuple ne pourrait pas survivre…adieu Elfira…adieu…adieu les Gobelins farineux.

Quand soudain, la sorcière reprit :

- J’ai besoin d’un antidote pour reconstituer l’étincelle artificiellement. Pour cela tu dois encore franchir un dernier obstacle. Ce ne sera pas simple… Si tu résous l’énigme, tu trouveras l’antidote. Malheureusement, avec ma vieille mémoire je ne connais plus la réponse. Il y a Cent cinquante j’aurais pu t’éviter ça… Bon… bon la voici :

Elle sortit un vieux parchemin de sa poche décousue.

«  Jaune et lumineuse, elle nous donne… »

- Euh…non pardon ce n’est pas celle-là…

Elle sortit un autre parchemin.

- Voilà …

«  Au fond de la rue, lève les yeux au ciel et suit la croix vert et lumineuse »

Oui, voilà un truc comme ça, je n’ai pas mis mes lunettes…

- Dès que je trouve l’antidote je viendrai vous trouver !

- C’est bien Gobelin Pilbus, je t’attendrais, mais méfie-toi ! La route est longue et parsemer d’embûches…

Pilbus partit en courant, l’espoir de résoudre l’énigme, mais il ne la comprenait pas. Il avait beau se la répéter dans sa tête.

«  Au fond de la rue, lève les yeux au ciel et suit la croix vert et lumineuse »

La croix ?? Quoi ? Quelle croix ??

Il parcoura la rue en long, en large et en travers. Il leva si souvent les yeux au ciel qu’il en avait le mal de mer. Pilbus n’avait plus rien à boire, ni à manger. Son ventre était vide, il titubait, n’avait rien avalé depuis deux jours pleins… Il commençait à s’effriter de toutes parts. Tout à coup, il se mit à hurler, il disparut…un vélo venait de lui rouler dessus. Pilbus n’était plus qu’une crêpe étalée sur le goudron. Il était comme mort. Du moins, il crut qu’il était mort. Puis, il ouvrit un œil, un deuxième…son nez semblait cassé, mais il pu se remettre en forme. Il chancela jusqu’à une bouche d’égout, il s’assit et leva les yeux au ciel.

- Une croix verte et lumineuse ! s’écria t-il

Il voulut se relever mais il n’y parvint pas. Il avait trop de mal à bouger. Il se saisit alors d’un morceau d’allumette qui traînait par terre, s’en servit de canne, et marcha jusqu’à la croix. Au dessus, il était inscrit : « pharmacie » (je traduis car Pilbus ne sait toujours pas lire)

Il entra (un son retentit) et il entendit des voix :

- Janine ! Ca a sonné ! Va voir…

- Quoi ?!

- La porte !

- Mais…y’a personne ?!

L’autre femme s’approcha à son tour.

- Ah, oui…c’est curieux ?

Au bout d’un certain temps, Pilbus réussit à se hisser sur le comptoir, essoufflé. Quand il vit un animal tel un gros chat botté se ruer sur lui. Il tenta alors se sauver, puis de se coller au sol, mais l’animal le pourchassait toujours. C’était fini. Cette fois, il n’y échapperait pas… Le chat se jeta sur Pilbus, lui arracha un bout d’épaule, et avant qu’il ne lui ait dévoré tout son minuscule petit corps, la pharmacienne arriva.

- Pugsley, vilain chat, laisse donc la souris !

- Je ne suis pas une souris ! hurla Pilbus avec le peu de voix qu’il lui restait, à demi-mort, mais pourtant très en colère.

- Je suis un Gobelin farineux et je viens chercher l’antidote.

Pilbus réussit à se faire entendre de la pharmacienne et il lui conta ses aventures…La pharmacienne comprit de quoi il était question. Elle la connaissait bien la sorcière de la rue Bouffetard, une petite clocharde qui se faisait appelait ainsi et dont le vrai non était mauricette. La pharmacienne alla chercher quelque produit dans la pièce d’à côté et revint avec un gel anti-bactérien tout minuscule, et le tendit à Pilbus.

- « de l’eau écarlate » dit-elle

- Comment ? dit Pilbus « O-E-KAR-LA-TE ».

Il comprit en deux temps, trois mouvement les mécanismes de la lecture !

- C’est pour toi.

A ce moment là, Mauricette entra, enfin …la sorcière de la rue Bouffetard entra.

- Et bien…ça y est je me suis souvenu de l’énigme…dit la sorcière.

- Vous n’auriez pas pu y penser plus tôt ! dit Pilbus, à qui il manquait un bout d’épaule, une jambe et dont le nez était cassé.

La pharmacienne prit alors Pilbus entre ses mains et le pétrit tel de la pâte à pain.

- Aieeeeeeeeeeeeeeee….aiiiiiiiiiiiiiiiiieeeeeeeeeee..ouhhhhhhhhhhhhhhhhye… gémissait-il

Elle le refaçonna complètement, Pilbus reprit forme et tout rentra dans l’ordre. « L’étincelle froide » allait pouvoir devenir « glaciale », mais encore fallait-il aller la chercher.

 

La sorcière pris son balai et attrapa Pilbus de ses doigts crochus, elle le posa sur sa tête. Ils s’envolèrent tous les deux. Du haut du ciel il voyait tout en petit, arrivés vers un nuage la sorcière baraguina une formule incompréhensible, et l’instant d’après tendit une fiole à Pilbus.

- Tiens Pilbus, voilà « l’étincelle glaciale ». Avec ton peuple crée un lac artificiel et dépose y une goutte, ainsi, la pollution disparaîtra à jamais de votre royaume. Garde précieusement cette fiole au cas où un jour quelqu’un d’autre en aurait besoin à son tour.

- Je te dépose chez toi ? Pilbus hésite, tout timide, la grosse fiole à main.

- Dépêche toi ! dit la sorcière, j’ai pas qu’ça à faire.

Il fit « oui » de la tête. La Sorcière le déposa à Croulebarbe. Il la remercia bien.

 

Arrivé sur le balai magique tout le monde fut ameuté dans le village. Pilbus fut accueilli en héros. Avant toutes choses, les Gobelins se mirent tous au travail. Ils creusèrent un trou immense et y versèrent toute leur quantité et provision d’eau en y ajoutant « l’étincelle glaciale ». Les ingénieurs Gobelins confectionnèrent une pompe. Le lac artificiel était enfin crée. L’eau polluée devint alors saine. Elle était pure et transparente et surtout potable et non-polluée jusqu’à la fin des temps. Les Gobelins pouvaient même s’y baigner l’été quand ils avaient trop chaud, ou y patiner l’hiver à condition de ne pas obstruer le robinet d’eau. Pilbus raconta toute son histoire et ses péripéties, le grand sorcier transcrivit même son récit dans le grimoire des légendes d’antan. Pilbus était dans l’Histoire. Ce fut la fête pendant des semaines, tous les Gobelins avait retrouvé leur équilibre et ils étaient à nouveau heureux, unis et prospères. Pilbus, qui avait ramener un échantillon de vin offert gentiment par le
Gobelin « sableux », put également soumettre le projet de cultiver des vignes miniatures (les Gobelins avaient grandement apprécié la chose). Leur peuple était donc sur le point de se développer. Par la suite, comme l’avait promis Grundor, Pilbus Creitu froplon de Lacre aujourd’hui surnommé « le grand Pilbus » épousa Elfira qui fut vite guérie et elle tomba folle amoureuse de lui, donnant naissance à plein de petits Pilbus. Pilbus devint donc Roi de Croulebarbe, et dans la seconde qui suivit son père eu une belle queue de ragondin nain qui lui poussa…

 

Moralité : Il n’y en a pas ! Ou à vous de la trouver…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les Gobelins Sableux

 

 

 Il était une fois un peuple de Gobelins rares et très paisibles…un peuple très évolué et qui était formé de trois colonies distinctes : les Gobelins Sableux (et non « Sablonneux »). Essentiellement constitués de liquide et de milliers de grains de sable, ils se nourrissaient uniquement d’eau salée à l’origine. Les Sableux étaient aujourd’hui, grâce à leurs ancêtres qui avaient trouvé de l’aide auprès de la Sorcière de rue Bouffetard, aptes à ingurgiter pour leur résistance, de l’alcool sous différentes formes. On trouvait les Sableux de Trouville, les Normands, qui vivaient sous les planches et se composaient d’eau salée et de cidre ; les Sableux de Paris, qui eux, fonctionnaient uniquement grâce à leur culture de vigne de « vinasse » en tout genre, on les retrouvait la majeure partie du temps dans les égouts parisiens, et souvent l’été sur les quais de

la Seine

, à Paris-plage…Enfin, les Sableux de Frontignan-plage qui vivaient sous des rochers et qui, en plus de l’eau salée, affectionnaient particulièrement le Muscat (vin blanc sucré), récupéré par la culture de vignes microscopiques. Ils étaient tous cousins et très pacifistes. L’histoire dont il est question ici va nous plonger dans l’univers des Sableux de Frontignan-plage … Abrités sous leur rocher proche de la mer et entourés d’une plage très belle et peu touristique, les Sableux prospéraient ainsi depuis de nombreuses années sans jamais avoir été confrontés à de réels problèmes d’ordre général. Depuis le milieu des années 80, le roi de la « Roche Submarine » (ainsi s’appelait leur royaume), du nom de Posekilom, était à la tête d’une monarchie paradoxalement démocratique (Posekilom avait été élu à l’unanimité des Sableux). Tous les Gobelins le respectaient car il était très sérieux et aux petits soins de tous les Gobelins Sableux. Sa fille, du moins, la fille de sa fille (Posekilom n’avait jamais eu de fils donc pas de véritable descendance), Lune de son vrai nom Lune Huama Ela Gobensis Belle de Sableusia, était la plus belle et la plus courageuse de toutes les Gobelines du royaume. Son seul problème : elle était un peu Gobeline-manquée. Elle jouait au Gobfoot (elle avait même été élu ballonGob d’Or en 2004), elle ne portait jamais de robe (ou très peu) et était secrètement amoureuse d’un petit Gobelin qui s’appelait Harpon, un Sableux très mignon mais très froussard, qui avait peur de l’eau (étrange pour un Gobelin Sableux). Le Commerce de raisins microscopiques à l’origine de la fabrication du Muscat Gobelin de Frontignan était en plein expansion, tous les Gobelins étaient travailleurs et ils ne connaissaient pas le chômage (contrairement au Sableux parisiens). Tout allait donc très bien, au mieux dans le meilleur des mondes …quand un jour, Posekilom tomba gravement malade…

 Les Sableux ne savaient plus que faire pour guérir leur Roi… peu à peu d’autres Gobelins Sableux furent prit de la même maladie. Les symptômes de cette maladie, qui était d’origine faussement virale, se manifestaient par un gonflement des Gobelins, ils devenaient très gros et tout ronds, leur teint à la base très jaunâtre virait au blanc … Les premiers Gobelins à être infectés étaient les plus vieux, mais au fur et à mesure, le faux virus touchait les plus jeunes, les femmes et même un enfant Sableux en mourut. Il n’y avait également plus aucune naissance depuis déjà quelques temps, toutes les Gobelines qui pondaient des œufs (la reproduction des Gobelins était entre celle des oiseaux et des mammifères, soit très particulière) n’arrivaient plus à couver leur miniGob… Plus de naissance, plus de vie, plus de Sableux…Ce fut alors la panique générale. Le Professeur Sableux avait nommé ce virus « la maladie de RosswellGobelins »… Il passa des journées entières, des nuits complètes à trouver un antidote et à essayer d’en déterminer la cause. Un beau jour, un article paru dans le Gobelin’s Times : « la maladie de RosswellGobelins »  serait due à une suralimentation en sucre contenu dans le Muscat, la compensation en sel de mer n’étant plus équivalente, la dégénérescence des Gobelins et, à terme, leur extinction était envisageable, voire inévitable. En fait, les Gobelins étaient en train de devenir Sucreux …mais sans y parvenir réellement, donc ils allaient tous périr… Le Professeur Sableux, qui ne voulait pas paniquer tout le peuple, comprit qu’une fuite avait été faite par son apprenti Gobelin, Crapulus, qu’il licencia sur le Sable ! Pour se défendre, ce dernier dit :

- De toute façon nous allons tous périr ! Alors que je me transforme en coquillage poilu si nous n’y laissons pas tous la vie !

Le Professeur Sableux le fit sortir à coup de patte aux fesses…

Ce qu’avait oublié de dire Crapulus, et qui n’avait donc pas été mentionné dans le journal, c’est que le Professeur Sableux avait peut-être trouvé un espoir : «

la Fleur

de Sel » évoquée dans un ancien grimoire du Grand Gobelin Sorcier…mais rien n’était sûr, rien n’était fait, il en toucha un mot à la famille royale.

 

 Par une belle matinée d’été, Lune rassembla tout le peuple Gobelin, elle en avait le droit, étant une descendante directe de Posekilom.

- Ecoutez-moi tous …Voilà, étant la petit fille de Posekilom, je me dois d’assurer la survie de mon peuple…ma mère étant de santé fragile…J’ai décidé de partir en quête de

la Fleur

de Sel qui serait un antidote possible à « la maladie de RosswellGobelins » selon les dires du Professeur Sableux.

Les Sableux, tous réunis, se mirent à faire un brouhaha étonnant. Lune reprit :

- Rassurez-vous je ne partirai pas seule…un Gobelin m’accompagnera. J’ai fait un choix. C’est Harpon qui se joindra à moi.

Le peuple se mit à rire ! Harpon, mais il a peur de l’eau !

- Non ! Ne riez pas tout ceci est très sérieux…Harpon viendra avec moi, c’est ma décision ! Nous ramènerons

la Fleur

de Sel  au plus vite à

la Roche Submarine.

Sur ce, merci à tous…et je l’espère … à bientôt. Gob save the Sableux !

- Gob save the Sableux ! dirent tous les Sableux en chœur.

Ils se mirent tout de même à applaudir le courage de Lune. Parmi eux, un Gobelin se sentit tout penaud…il avait peur…il ne comprenait pas ce qu’il se passait…c’était bien sûr Harpon.

 

  Dès le lendemain, Harpon gravit les marches rocheuses pour entrer dans le château. Lune, elle-même, vint l’accueillir. Harpon avait un grand sac à dos presque aussi grand que lui.

- Bonjour Harpon fit Lune (les joues un peu roses)

- Bonjour Mademoiselle Lune Huama Ela Gobensis Belle de Sableusia…

- Appelle-moi « Lune » tout simplement sinon on ne va pas s’en sortir.

Ils se sourirent. Lune prit ses affaires et ne manqua pas d’embrasser sa famille.

Sa mère et son grand-père (son père était en voyage d’affaire à Paris-Plage) lui souhaitèrent bonne route. Harpon et Lune sortirent du royaume, acclamés pas la foule. L’heure avait sonnée, ils ne pouvaient plus faire demi-tour…

 

 Leur route fut longue rien que pour traverser la plage afin de se rendre au port. Lune pensait qu’ils devaient embarquer sur un bateau pour entreprendre un voyage qui leur permettrait de trouver

la Fleur

de Sel au beau milieu de la mer… mais ceci n’était que suppositions… Ils se construisirent un château de sable pour y passer la nuit. Puis, ils reprirent leur route vers le port. Une fois arrivés, ils se demandaient quel bateau allaient-ils prendre et comment y accéder sans problèmes. Ils choisirent un vieux coucou. Ils grimpèrent à une corde par laquelle le bateau était amarré, puis parvinrent à y entrer.

- Que faisons-nous maintenant …dit Harpon angoissé.

- Je ne sais pas fit Lune…Attendons que le bateau parte en mer.

Cachés tour à tour sous différents petits objets… Ils se réfugièrent sous une bouée de sauvetage, puis Lune décida d’escalader le mât pour voir au loin. Elle grimpa très vite, mais glissa et retomba toute aplatie…Harpon la réconforta. Ce n’était rien, plus de peur que de mal. Il prit alors son courage à deux pattes, pour la première fois de sa vie, et réussit à se hisser tout en haut, il aperçut alors un bateau au large qui voguait.

- Là-bas !!!

- Allons-y !!!!

Puis, il glissa et, à l’image de Lune, se retrouva tout aplati. Ils éclatèrent de rire et prirent le temps de se remettre en forme.

- Un peu de Muscat ? dit Lune en lui tendant sa gourde.

- Oui, merci répondit Harpon un peu gêné.

 

Un crabe qui s’était échappé d’un sceau dont il était prisonnier s’approcha d’eux.

- Oh là… Qui êtes-vous !

Les deux Gobelins eurent très peur, le crabe était mille fois plus gros qu’eux…

- N’ayez pas peur créatures…Je ne vous veux aucun mal !

- Je…je suis Lune et voici Harpon, nous sommes des Gobelins Sableux.

- Des quoi ??... (le crabe fit la grimace) Enfin… moi, je m’appelle Krabic… Enchanté (il ne leur sera évidemment pas la pince !)

- Que faites-vous ici ? fit Lune

- Je me suis échappé pour éviter d’être farci ou de finir en « petit corayou » dit-il en ricanant… Et vous ?

- Nous voulons prendre le large et accéder à un bateau au loin, mais nous ne savons pas encore comment nous y prendre…

- Rien de plus simple … Grimpez sur mon dos. Accrochez-vous bien.

Les deux Sableux s’agrippèrent à Krabic. Celui-ci se jeta dans la mer… Harpon était sur le point de vomir, et Lune commençait à se dissoudre, car si l’eau est essentielle aux Gobelins, en trop grande quantité, elle leur est néfaste…Puis, Krabic s’enfonça dans le sable pour ressortir quelques mètres plus loin. Il remonta les flots (cette fois le jeune Gobelin Sableux vomit), escalada gauchement la coque, et laissa Harpon et Lune sur le pont d’un grand bateau. Krabic les salua rapidement car il devait rejoindre sa famille…

 Harpon et Lune sautèrent sur une éponge qui traînait et s’y dissimulèrent afin de reprendre leur souffle et d’analyser les lieux. Harpon décida de sortir pour atteindre un filet, il y parvint facilement. Quand soudain, il dut s’accrocher très fort aux mailles car il se retrouva suspendu dans les airs, puis projeté dans la mer… Pris de panique, Harpon ne pouvait plus respirer, il était absorbé par la mer, toujours accroché au filet, mais ses pattes commençaient à lâcher prise. Lune avait assisté à la scène, le capitaine Crochette lui-même avait lancé le filet dans la mer.

- Oh non ! Harpon va se noyer !

- Quelle horreur ! Nous sommes sur un vaisseau pirates !

Sous l’eau, Harpon lâcha prise, mais par chance, il fut gobé par un poisson clown. Le Capitaine Crochette remonta son filet, rempli de poissons divers…

- zzzzouizzzzzzzzzzzoui tels étaient les cris des poissons prisonniers.

- Quel beau festin pour ce soir !  meugla le capitaine qui laissa sa proie sur le pont, en s’en allant.

Le poisson clown qui s’étouffait, rejeta le Gobelin qu’il avait ingurgité. Harpon finit sa course soufflé dans une telline, qui le régurgita à son tour.

- Dégage toi ! pfeu ……..

Harpon fut enfin expulsé sur le sol, complètement lessivé. Luna le vit, soulagée. Harpon rampa jusqu’à elle. Quand un poisson prit la parole :

- Aidez-nous étranges personnages, aidez-nous…

- Comment faire ? fit Lune

- Tranchez les mailles du filet et grâce au poisson volant nous tenterons de rejoindre les flots…

- Zzzzouizzzzzzzzzzzoui zzzzouizzzzzzzzzzzoui zzzzouizzzzzzzzzzzoui

- Oki fen (Ok en vieux dialecte Sableux) dit Lune

Les deux Gobelins partirent en quête d’un objet tranchant. Harpon marcha jusqu’à la cabine du navire, discrètement, sans se faire écraser par les pirates. Quand il vit un coupe-ongle. Lune vint à sa rescousse et ils portèrent, non sans effort, le coupe-ongle jusqu’au filet où ils purent couper les mailles, tous les poissons furent libérés et leurs plongeons vers l’eau furent organisés par le poisson volant.

- Comment vous remercier ? dit le poisson qui leur avait demandé de l’aide.

- Sais-tu où trouver

la Fleur

de Sel ?

- Bien sûr ! Il  faut aller dans les marais salins.

- Quel cap prendre… ?

- C’est très loin, un dauphin de ma connaissance va vous y conduire, mais après vous devrez voguer seul jusqu’aux sables …

- C’est gentil.

Le poisson poussa un cri strident. Un dauphin accoura.

- Glouh ju ty flo marais salin ggu nnop

- No lom problm  fit le dauphin

Ils s’accrochèrent tous au poisson volant. Les deux poissons s’engouffrèrent dans la mer, et Harpon et Lune à l’aileron du Dauphin.

- Vous êtes prêts dit le dauphin

- Oui…………………………… !

- C’est parti !!!!!!!!!!!!!!!!

Au loin, ils entendirent :

- Où est mon festin ! Qui a volé ma pêche !!!!!! Rrrrrrrrrrrrrrrr (c’était le capitaine Crochette qui pestait.)

Ils arrivèrent après une longue route au plus près des marais salins. Le dauphin se sépara des deux Gobelins Sableux. A l’aide d’une bouteille de bière 1994 abandonnée sur les flots et d’un morceau de sac plastique qui polluait la mer, Harpon et Lune se construisirent un petit bateau, un vrai paquebot pour eux. Ils naviguèrent sur les flots jusqu’aux marais salins. Et, comble du comble, Harpon n’avait plus peur de l’eau désormais.

 

Lune et Harpon arrivèrent enfin dans le marais salin. Ils amarrèrent leur paquebot qu’ils avaient surnommé «

La Croisière Gobeline

» pour rigoler… A peine avaient-ils posé les pattes sur le sable qu’il furent emportés par la marée haute (heureusement qu’ils n’étaient pas en Bretagne !). Ils joignirent leurs pattes très fort et par je ne sais quel miracle, ils parvinrent à s’échapper en courant très très vite…Malheureusement, leur course ne fut pas longue, ils s’embourbèrent dans des sables mouvants. Ils étaient en train de s’enliser complètement quand un humain dont le lacet était défait passa par là.

- Saute ! cria Lune

- Je ne peux pas je suis totalement paralysé…

Luna s’agrippa au lacet et attrapa la patte d’Harpon, ils furent propulsés par le lacet comme s’ils étaient sur un jet ski. L’humain les traîna un peu plus loin quand ils décidèrent qu’ils pouvaient alors descendre. Ils continuèrent leur chemin gaiement, en s’arrêtant parfois pour se réalimenter en Muscat et en réserve d’eau salée. Tantôt, ils se protégeaient sous un coquillage, sous une coquille de moule, sous un couteau ou autre carcasse d’êtres marins…

 Cependant, après avoir fait une de leurs pauses habituelles, ils eurent la malchance de croiser une armée de lutins cannibales. Ces drôles de petits lutins étaient tous noirs et tous épineux tels des gros oursins de mer. Leurs oreilles étaient semblables à des clous et leurs pattes à des épées. Ils avaient aussi de longues dents qui traînaient presque par terre. Sous leurs épines, ils étaient constitués d’une substance visqueuse qui impressionnait et terrorisait tous les voyageurs qui croisaient leur chemin.

- Qui va là !

- Halte ! Voyageurs !

 Nos deux Sableux prirent leurs pattes à leur cou car les lutins, qui étaient deux fois plus grands qu’eux, portaient des armes et ne semblaient pas très sympathiques.

- Gardes ! A l’assaut !

A ces mots, des lutins monstrueux les prirent en chasse et ne firent pas trop d’efforts pour les attraper. Lune et Harpon furent capturés et mis en cage.

- Ce sera notre repas de fêtes pour demain ! dit le chef des lutins qui était le seul à porter une cape rouge.

Comme la nuit tombait, les lutins cannibales firent un feu de camp et dansèrent toute la nuit avant d’aller se coucher. Les Sableux étaient en retrait, emprisonnés et terrorisés.

- Harpon, nous allons mourir…

- Non Lune ! Ne t’inquiète pas nous allons nous échapper !

- Ce n’est pas possible…ils sont trop forts…

Lune se mit à pleurer, Harpon la prit dans ses bras…

- Tu sais Lune…

- Oui Harpon…

- Je…

- Tu…

- Je t’aime beaucoup…

- Moi aussi Harpon…je t’aime beaucoup.

Les deux Sableux s’embrassèrent (un véritable baiser de CinéGob). Ils passèrent une nuit formidable, inoubliable car elle serait leur dernière… Si vous voyez ce que je veux dire…

 Le lendemain matin, lorsque Lune et Harpon se réveillèrent, la tribu de lutins était au calme, tout le monde dormait encore, quand un bruit sourd retint leur attention… Mais rien… Le couple de Sableux avait très faim et ils commençaient à se ramollir car le chef de la tribu des lutins cannibales leur avait confisqué leur gourde de Muscat. Lune se mit à pleurer en se blottissant dans les petits bras d’Harpon. Quand tout à coup, une tête de lézard s’avança vers les barreaux de la cage…

- Ah !!cria Lune apeurée

- Chut…fit le lézard. Je viens vous délivrer …

Le lézard coupa les barreaux de la cage avec ses dents (c’était un lézard mutant). Harpon et Lune grimpèrent en vitesse sur son dos et ils cavalèrent tous trois à travers le marais.

- Attendez, faites demi-tour ! Nous n’avons plus notre gourde de Muscat…fit Lune.

- Nous en volerons à

la Coop

du coin, une petite épicerie … fit le lézard.

Une fois le danger évité, à quelques mètres de là, un des Gobelins prit la parole.

- Qui êtes-vous donc gentil lézard ? fit cordialement Harpon

- Le chef des Reptiliens mutants de Sète, ancienne tribu du dragon d’argent.

- Comment saviez-vous que nous étions prisonniers ?…

- Je passais par là quand j’ai vu que vous étiez enfermés…vous savez j’ai l’habitude de délivrer des prisonniers de ces terribles lutins …ils sont méchants et sans cœur. Il vaut mieux les éviter et vite les oublier !

- Merci … en tout cas vous nous avez sauvé la vie.

- Que venez-vous chercher ici, curieux personnages ?

- 

La Fleur

de Sel

- Décidément, la chance ne vous sourie guère… elle n’existe plus dit-il… La baleine des salins du midi est morte il y longtemps, seuls les humains la conserve industriellement c’est tout ce que je sais. Fuyez …

- Mais, nous ne pouvons pas rentrer sans elle, sinon notre peuple de Gobelins Sableux s’éteindra à jamais…

- S’en est ainsi Gobelins…Adieu ! Rentrez chez vous…c’est ce que vous avez de mieux à faire…

Le lézard s’en alla rejoindre son clan. Avant toutes choses, il leur indiqua où était la coop pour qu’ils prennent deux, trois gouttes de Muscat, dans une petite pochette que Lune avait conservée. Ils se saluèrent mutuellement. Les deux Gobelins allèrent à la coop, faire discrètement leur réapprovisionnement. Puis, Harpon et Lune, nos deux héros, continuèrent tristement leur chemin. Ils errèrent déçus mais amoureux…Ils cherchèrent une solution, mais en vain…

- La baleine ? Mais qui est-elle ? …Enfin industriellement ? Je ne comprends pas.

- Qu’allons-nous faire ?

- Rentrer…

- Non Lune ! Nous devons retrouver la production de cette industrie qui a décimé la baleine ! Marchons, marchons …nous trouverons ou nous périrons.

- On vit ensemble, on meurt ensemble.

Les deux Sableux marchèrent longtemps, puis ils se retrouvèrent sur une plage de nudiste. Ils virent de tout même un Gobelin Goudronneux qui sortait d’un mégot de cigarette qu’un vieil humain venait d’écraser sur le sable. A travers leur route, ce ne fut qu’embûches sur embûches : embourbés dans de la crème solaire, envolés sur un frisbee, écrasés sous des tongs, pris au piège dans un sandwich, huilés dans des chips…mais grâce à leur patience, leur courage et leur amour, ils vaincurent. Enfin, après avoir traversé maintes et maintes plages, ils parvinrent sur une plage très touristique…Harpon et Lune se dirigèrent d’abord vers de grands rochers où ils rencontrèrent des esques qui faisaient la teuf dans une boîte en carton.

- Salut les Sableux, on vous a reconnu !

- Comment pouvez-vous faire pareille fête alors que vous allez finir embrochés sur un hameçon ?

- Nous profitons de nos derniers instants…du mieux possible.

- C’est tragique dit Lune.

- Nous devrions en faire de même dit Harpon

Quand un pêcheur prit un Gobelin en guise d’appât… Harpon était pris au piège entre les deux gros doigts du pêcheur… Le pêcheur allait enfiler Harpon sur l’hameçon, puis lancer sa canne, quand soudain…

- Ça mord Georges ! Ça mord ! fit son collègue pêcheur.

- Ton autre canne ! Vite !

Le pêcheur lâcha la canne qu’il avait entre ses mains pour se diriger vers l’autre. Harpon resta accroché à la ligne par ses deux petites pattes toutes tremblantes…Lune vint à son secours. Elle le décrocha et en profita pour lui faire quelques massages pour le remodeler…Ensuite, ils décidèrent de rejoindre les dunes… Cependant, alors qu’ils traçaient paisiblement leur chemin, un enfant les attrapa et commença à faire des pâtés avec leur corps… puis, c’est ainsi qu’ils finirent tous déformés dans un sceau que le gamin ramena chez lui. Du sceau, on n’apercevait plus que leurs gros yeux globuleux (les Gobelins Sableux ont des très gros yeux pour compenser leur petite taille). Comme le sale gamin déposa le sceau avant d’aller se faire une immense tartine de Nuitilla, Harpon et Lune en profitèrent pour se dégager du sable et se firent la courte-patte pour parvenir à se hisser hors du sceau. Ils se mirent alors à courir pour se mettre à l’abri sous un grain de riz tombé du plan de travail de la cuisine.

- Lève les yeux ! …Lune ! Il est écrit (Les Sableux sont très très érudits et connaissent tous les dialectes) « sel de mer fin iode, la baleine des salins du midi ! »

-  Mais c’est …bien sûr ! Harpon !

La Fleur

de Sel  c’est donc ça !

Une jeune maman était en train de préparer un plat. Ils grimpèrent, non sans mal, jusqu’au plan de travail, en se hissant sur les bas de contention de la dame… Une fois en haut, ils se cachèrent derrière un coquetier. Sur le côté, ils virent un grand plat où cuisaient des crustacés, une paëlla géante était en train de mijoter.

- psisssssssssssssssssiiiiiiiiiiiii

- aidez-nous…disaient les sèches, moules, crevettes, calamars et autres crustacés…

La femme s’absenta un moment pour aller étendre son linge pendant que son plat continuait de cuire. Harpon tendit le bras pour attraper une crevette qui était en train de devenir toute rose… Lune fit de même pour une petite sèche, mais elle bascula dans le plat et commença à cuire à son tour. Harpon sauta sur une coquille de moule et parvint à extirper Lune (les Gobelins Sableux ne sont d’ailleurs pas comestibles ils sont trop craquants sous la dent…). Sauvée in extremis, Lune eut une super idée. Les deux Gobelins tournèrent le bouton du gaz, pour cela ils durent faire appel à leur force de Super Gobelins mentales car ils étaient véritablement épuisés par leurs aventures. Malgré tout, ils y parvinrent avec succès. Les crustacés sautèrent et s’en allèrent en remerciant les Gobelins. Au passage, ils renversèrent le sel, Harpon et Lune en récoltèrent et rebroussèrent vite chemin avant que la femme ne revienne.

- Petit garnement tu en a profité pour manger tous les crustacés

- C’est pas moi… !

- Et tu mens en plus… !

Les Gobelins qui avaient tout écouté, rirent d’entendre l’enfant qui les avait maltraités se faire disputer à leur place…

Après avoir encore traversé des plages et des plages, vivant d’amour et de Muscat frais, Harpon et Lune au bout d’un mois entier arrivèrent enfin à

la Roche

Submarine

… Les Sableux n’en croyaient pas leur yeux : Lune et Harpon étaient de retour !

- Gob save the Sableux crièrent-ils tous !

Chez eux, la situation était catastrophique, mais Lune et Harpon possédaient désormais

la Fleur

de Sel  qu’ils s’empressèrent de donner au Professeur Sableux afin de constituer l’antidote qui sauverait les Sableux de leur perte.

La Fleur

de Sel  fut jetée dans le puit d’eau du royaume, et l’antidote fut créé et donné à Posekilom, ainsi qu’à tous les Gobelins qui guérirent les uns après les autres. Les Sableux purent revivre sains et saufs. Dès lors, ce fut tous les jours la fête et la prospérité du peuple pouvait recommencer comme aux premiers jours. Lune apprit en même temps qu’elle attendait un miniGob, pour l’occasion, elle se maria avec son petit ami Harpon. On en profita pour danser, chanter et faire très bonne chaire. Harpon, lui, devint également capitaine d’une nouvelle colonie de Gobelins ayant élu domicile au port. Il fut le plus grand navigateurgob de tous les temps et le mari le plus aimant…

On dit aussi qu’une petit fille aurait trouvé non loin de la roche Submarine un coquillage poilu…avec lequel on pouvait entendre non pas la mer mais des conversations Gobelines…

 

Moralité : cherchez cherchez vous trouverez… mais surtout n’oubliez pas, si pendant l’été vous pensez avoir un grain de sable dans l’œil…ne doutez pas…il se peut que ce soit un Gobelin Sableux…alors allez-y délicatement pour l’en sortir…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les Gobelins goudronneux

 

 

Il était une fois un peuple de Gobelins dégénérés que l’on appelait les Gobelins goudronneux et non pas Goudronneux avec un grand « G » car ils étaient vraiment petits encore plus petits que petits et surtout tout noirs, uniquement constitués de goudron visqueux et surtout très maléfiques. Ils vivaient dans une traverse d’un ancien chemin de fer désaffecté dite « Traverse du Goud ». Leur règne s’était établi depuis quelques générations à peine lorsque Pomfricador, leur chef, accompagné de ses troupes, avaient anéanti le peuple des Gobelins Savonneux pour prendre leur territoire et développer leur race de Gobelins. Les Gobelins Savonneux avaient été sauvagement assassinés et, les quelques rescapés avaient été réduits à l’état d’esclave. Seulement, lors d’une décision collective du peuple goudronneux, ils avaient été emprisonnés, puis empoisonnés à la crasse. Les Gobelins Savonneux était uniquement constitués de savon (d’ailleurs, ils avaient souvent tendance à glisser) et ne supportaient pas la saleté qui était très présente chez le peuple goudronneux. Les goudronneux étaient vraiment sans scrupules, on dit que leur descendance s’était faite grâce à l’union d’un mauvais Sableux en exil et d’un bout de goudron qui traînait au coin d’une autoroute qui reliait Aix-en-Provence à Marseille. Ce Gobelin aurait donc muté, et s’étant fait prendre en autostop, en catimini, il aurait terminé sa route dans la capitale en procréant et faisant naître les Gobelins goudronneux. Depuis, après avoir évincé les Savonneux, leur peuple s’était étendu aux quatre coin de France : on retrouvait des goudronneux à Marseille (en majorité), à Lille, à Créteil, à Lyon, à Bordeaux, à Tours, à Clermont-Ferrand, à Strasbourg, à Cannes (ils participaient même au festival international du film Gore-Gobelins). Mais, ceux qui vont retenir notre attention sont les goudronneux de la tribu d’origine, qui ont élu domicile rue Malus dans le 5ème arrondissement de Paris. A l’image d’autre race de Gobelins leur survie nécessite une alimentation spécifique, la leur est composée d'un mélange d'hydrocarbures, très visqueuses et de couleur noire, ou parfois, quand la pénurie règne, d’un peu asphalte colorée. Pour cela, les Gobelins goudronneux s’en vont en horde de cent, tous les débuts de chaque mois, en quête d’hydrocarbures issus du pétrole (ils pillent sans aucun remords des pompes à essence notamment chez les ELFS). Etant très méchants et d’esprit belliqueux en vers les autres espèces, les Gobelins goudronneux sont paradoxalement très solidaires entre eux. Leur peuple vivait donc paisiblement depuis quelque temps, quand un beau jour (qui n’était pas si beau que ça) … le doute prit place dans leurs esprits. A leur habitude, ils participaient à de nombreuses guerres afin de toujours conquérir un plus vaste territoire. Leur dévolu s’était alors jeté sur le 13ème arrondissement de Paris avec notamment la place forte du Square René Le Gall. Les Gobelins goudronneux se battaient contre n’importe quel peuple, ils étaient très forts et très craints. Ils attaquaient les Frilpop, les Topaziens, les Fourmiliens, les Dingts, et même un fois ils s’en étaient pris à des sortes d’ogres géants qu’ils avaient largement dominé ! Seulement voilà, cette fois-ci les troupes rentrèrent blessées et décimées, ils avaient essuyé une grande et douloureuse défaite. C’était la première, mais sans doute pas la dernière. Après cet échec, ils en eurent un, puis deux, trois, quatre, cinq, et la liste s’allonge. Malgré tout, leurs armes étaient encore bien redoutables : la catapulte chewing-gum ; les pistolets en allumettes de feu ; les grenades de plombs ; les mitraillettes en clous… De plus, grâce à une mutation génétique, quand un humain, ou un autre être beaucoup plus grand qu’eux leur marchait dessus, les Gobelins goudronneux les piquaient et les brûlaient, ce qui leur permettait de survivre à l’impact du poids ! Mais, le moral n’était plus là. Leur peuple qui vivait entre la dictature positive (si ce terme peut-être employé ?) et la monarchie guerrière, ne savait plus que faire…

Un jour, alors que Pomfricador organisait un rassemblement général de tous les Gobelins goudronneux, un Gobelin témoin prit la parole. Ce Gobelin était le doyen du peuple, il lui manquait une oreille et il était tout rabougri et courbé.

- Sans aucun doute, je sais.

- Ecoutez tous…je crois malheureusement savoir ce qui occulte notre force…et notre supériorité…je voudrais bien me tromper mais …

Le peuple goudronneux l’écoutait avec grande attention et grand respect.

Pomfricador dit :

- Gobelin témoin, la parole est à vous…

- Et bien voilà, il y a déjà une décennie de cela, le dernier survivant des Savonneux avait intenté un sort maléfique avant de mourir… C’était un vieux sage dont personne, à l’époque, n’avait pris les propos au sérieux…

- Continuez Gobelin témoin, continuez… dit Pomfricador.

- Il avait dit que si la race des Savonneux n’était pas recréée dans la décennie à venir, le peuple goudronneux perdrait

la Sfor

(la force du côté goudronneux). Ainsi, le sort est en train de s’accomplir, et si nous ne recréons pas un Savonneux, les goudronneux s’éteindront à jamais.

Le peuple s’affola et la panique générale prit le dessus.

Pomfricador dit d’une grosse voix :

- Rassemblez vos esprits ! Du calme enfin !!!

- Qu’est-ce qui nous dit que ce que vous dites est vrai ?

- Vous n’êtes pas tenu de me croire, mais c’est pourtant la triste vérité. Regardez vos hommes, votre peuple…Tous ces échecs, ces terribles défaites…

Pomfricador demanda qu’on lui prête un Gobphone (un téléphone portable dans le langage des goudronneux). Il parla dans un vieux dialecte des goudronneux.

- Illot (signifie toujours « allo » en Gobelin goudronneux), vi tgyu ji ollpm fricaf nu, nu nolp…

- Illot, ju nhu fricaf nu ???

- Illot…humm…hummm fricaf nu ? oki mol.

Pomfricador fit une triste mine.

- Peuple goudronneux, l’heure est grave, nos colonies de tout le pays sont en train de s’éteindre… Nous avons perdu

la Sfor

- Gobelin témoin, avez-vous une idée ?

- Oui, il faut créer un clone Savonneux pour perpétuer leur race.

- Comment… ?

Le vieux Gobelin consulta son grimoire de poche. Il ajusta ses lunettes.

- Nous avons besoin de trois ingrédients essentiels : du savon sous une forme volante « bibbullus », du savon liquide dit « puss-muss », et du savon solide « sinex ».

- Qu’il en soit ainsi. Hupol ! Trouve trois guerriers ou guerrières pour rassembler les ingrédients substantiels. Troy ! Occupe toi de tout nettoyer pour favoriser un climat propice au Savonneux, et toi Ukri ! Rassemble des troupes pour leur construire un domaine sur un de nos territoires (le plus petit précisa tout de même Pomfricador).

Les goudronneux se mirent tous au travail. Hupol proposa pour la mission trois de ses meilleures guerrières goudronneuses : Théagob (aux cheveux violet) ; Missinda (aux cheveux verts) ; Cykielbi (aux cheveux rouges). Ces drôles de Gobelines acceptèrent avec grand enthousiasme bien qu’un goudronneux idiot, appelé Imbes Ile, se plut à dire :

- Si c’est des Gobelines qui nous sauvent, alors que je glisse comme un Savonneux si elles réussissent !

Personne ne le prit au sérieux.  

 

Les trois guerrières se répartirent les missions, munie chacune d’un Gobphone puissant. D’abord, Théagob se chargerait du savon volant puis, Missinda du savon liquide et enfin, Cykielbi du solide… La quête pouvait alors commencer !

Elles se construire un quartier général en amont de

la Traverse

du Goud avec des petits gravillons. Elles se fixèrent des objectifs succincts, mais le temps pressé… Une à une, elles iraient au devant leur mission, tout en restant en contact pour s’informer.

 

Théagob traça sa route sans réellement savoir où elle allait. Elle était « goblinement » motivée. Si motivée, qu’elle faillit renverser sa gourde d’hydrocarbure, sans laquelle elle aurait du mal à survivre ! Après avoir évité de justesse un scooter dont le conducteur était un peu saoul, elle décida de réfléchir avant tout en s’asseyant sur un petit gravier. Elle en profita pour fumer une rettecigob (« cigarette » en Gobelin). Elle se dit dans sa tête :

- Au moins pour une fois personne ne me dira que « c’est mal » !

Puis, vu qu’elle se mit à tousser, elle décida quand même de l’écraser… Quand, elle eut une idée :

- Le savon volant ! Mais c’est…bien sûr!

Elle se dirigea vers un parc public rempli de petits enfants humains bruyants…

- bibbullus se répétait-elle

Elle regardait de tous côtés mais il y avait trop de monde, et elle était bien trop petite pour avoir une vue d’ensemble. Elle marcha, marcha, marcha, puis escalada un rosier, épine par épine, afin d’en atteindre le sommet assez rapidement. Quand elle fut perchée, elle regardait la vue qui s’offrait à elle. Elle se plaisait à s’imaginer grande, elle voudrait tant être grande elle aussi, mais sa quête pour l’instant ce n’était pas celle-là, elle verrait plus tard. Puis, elle aperçut une humaine qui faisait des bulles de savon avec un étrange accessoire. Théagob arracha une feuille de rosier, elle tira de toutes ses forces et faillit même dégringoler. Une fois qu’elle y fut parvenue, elle s’élança avec la feuille, qui lui servit de parachute. Dès qu’elle atteint le sol, elle se dirigea vers la petite fille. Cette petite idiote n’eut pas eu le temps de laisser arriver Théagob qu’elle lui marcha dessus avec sa sandalette. Théagob fit appel à

la Sfor

et :

- Aïeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeee !!! houyeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeee ! hurla la petite humaine.

Cette dernière partit en pleurant dans les jupes de sa mère en laissant tomber son savon à bulle, qui finit sa course sur

la Gobeline.

 Théagob

se retrouva toute aplatie dans une grande marre de savon gluant et glissant. Elle se mit à faire des bulles en pestant dans sa barbe …quelques mots incompréhensibles :

- Glouglououou……. Rrrrrrrrrrrr gloutain………

Elle se releva tout de même, du moins elle glissa d’abord une bonne dizaine de fois avant d’y parvenir, elle prit un échantillon de savon à bulle. Puis, le mit dans son baluchon. Avant toutes choses, elle extirpa un morceau d’herbe fine en utilisant encore une fois

la Sfor

qui commençait à lui faire défaut. Elle roula le morceau d’herbe et s’amusa à faire des bulles géantes (tout est relatif bien sûr !). Après avoir tester sa technique, elle prit son Gobphone et appela ses deux collègues Gobelines :

- Missinda ? oki mol

- Cykielbi ? oki mol

Les trois guerrières étaient encore des rares Gobelines qui connaissaient le dialecte goudronneux. Théagob rentra à

la Traverse

du Goud.

 

 Missinda comprit que c’était à son tour d’agir. Elle avait déjà tout analysé. Son but : arriver à se faufiler jusque dans les toilettes d’un bistrot. Par contre, elle ne savait pas comment elle allait y parvenir exactement… Elle longea des trottoirs sinueux…pendant de longues heures…la nuit allait bientôt tomber quand elle croisa un Gobelins goudronneux clochard.

- Alors, Gobeline…on s’promène…

- C’est dangereux la nuit pour une Gobeline seule…

Missinda ne lui répondit pas.

- Tu veux un peu d’hydrocarbure alcoolisé ?? …J’ai attaqué un Sableux et j’lui ai volé son pinard… ?

- T’en veux ?

Missinda lui donna un coup de patte et s’en alla en courant, le Gobelin clochard était si éméché qu’il fut tout de suite assommé et tomba dans un profond sommeil. Missinda courut, courut, courut si vite qu’elle en perdit son souffle et sa gourde d’hydrocarbure. Comme elle commençait à manquer de force, elle collait de plus en plus au sol, et chacun de ses pas était pour elle un véritable calvaire. Mais, elle ne renonça pas. Elle vit une voiture garée de l’autre côté de la rue. Elle se traîna jusqu’à elle, puis se hissa jusqu’au pot d’échappement et rampa jusqu’à atteindre, je ne sais par quel miracle, le réservoir d’essence. Elle put se réalimenter avec du « sans-plomb 2006 » (le luxe pour une Gobeline !). Puis, par malheur, la voiture démarra. Missinda fut projetée sur la route comme une boule de flipper, elle était encore plus noire que noire et n’arrêtait plus de tousser. Mais, dans son malheur, elle vit passer le Gobelin Clochard de tout à l’heure qui avait semblablement reprit ses esprits.

- Alors Gobeline ? Un problème ?

- Laisse-moi tranquille…

- Tu sais j’suis pas méchant, je peux t’aider si tu veux…

- Non merci encore dit Missinda

- Allez…

Il lui tendit la patte. Missinda se releva.

- Ok. Je dois aller dans un bar.

- Dans un bar…hummmmmmmm.

- Oui c’est bien ça dit-elle un peu énervée.

- Rien de plus simple. Tu vois l’attroupement de rats là-bas …

- Non …où ça ?

- Là… lui montra-t-il de la patte.

- Oui ça y est je vois.

- Et bien il suffit de les attraper et de monter sur leur dos, ils t’amèneront directement dans les cuisines de la brasserie d’en face. C’est une brasserie-bar.

- Mais comment …comment parvenir à monter sur le dos d’un rat sans qu’il ne me dévore ?

- La dernière fois je leur ai promis un Gobelin Farineux pour dessert, j’ai tenu parole, et ils m’ont accompagné sans me faire aucun mal.

- Ah bon ? Mais tu faisais quoi au bar ?

- Rien j’ai deux, trois pots qui y traînent des fois.

- Et le Farineux tu l’as tué ?

- Mais non ! J’ai bluffé, mais fais attention depuis les rats sont méfiants envers les goudronneux.

- J’ai mon idée dit-elle

Il repartit en lui faisant un signe de la main et en marmonnant :

- Elle est drôle elle…tuer un Farineux, ils sont tellement narcissiques les Farineux qu’ils se croient encore le seul Gobelins au monde… Ils sont coincés dans leur arbre magique …à la noix…les FAArineux…hahah.

- Aurevoir cria-t-elle !

- Faarineux répétait-il en chœur…

Missinda s’approcha alors des rats, cachée derrière cailloux. Elle prit alors deux, ou trois mèches de ses longs cheveux (les guerrières n’ont peur de rien). Elle le tissa et en confectionna un lasso assez solide. Elle le fit tourbillonner dans l’air et le lança jusqu’à qu’il atteigne le cou d’un rat. Elle invoqua

la Sfor

, mais en vain.

- HiAHHHHHHHHHHHHHH hurla-t-elle

Elle se jeta sur le rat, qui affolé, se mit à courir, elle le guidait avec le lasso qui faisait maintenant office de laisse.

- Au bar !!!!!!! Vermine !

Le rat ne comprenait pas ce qui lui arrivait, il exécuta les ordres. Les autres rats n’avaient rien vu venir non plus. Arrivés dans les cuisines du bar, Missinda sauta et fut précipitée sur un radis. Le rat continua sa course bêtement. Quand soudain, un cuisinier s’exclama :

- Un rat !!!

- Un rat !! Chassons- le !!!

Missinda descendit de son radis, se faufila entre les mouvements d’un couteau, un commis de cuisine éminçait des oignons. Elle se fit alors catapulter par une petite cuillère et atterrit dans une mousse au chocolat qu’un serveur partait amenait à une table. Dès qu’elle fut sur la table, elle réussit à se désembourber de ce dessert sucré pour finir sur une table dont elle se fit glisser…elle finit donc sa course aplatie sur le sol. La femme assise à la table dit soudain :

- Drôle de goût cette mousse au chocolat, Léonard

Elle portait une deuxième bouchée à sa bouche.

- Vraiment, on dirait qu’elle a comment un arrière goût d’essence…

- J’po goûter ? dit son mari.

Il trempa sa cuillère dans la mousse.

- Effectivement…pouahhhhhhhhhhh

Missinda, encore toute aplatie, qui avait entendu les propos, pouffa de rire. Mais ce n’était pas tout ça ! Elle avait du travail ! Par un merveilleux coup du sort, la femme se leva. Missinda s’agrippa à son pied. Comme elle l’avait pressenti, la femme allait en direction des toilettes. Celle-ci descendit un petit escalier, et s’apprêta à ouvrir une porte. A ce moment, Missinda sauta en calculant son saut afin d’atterrir dans le lavabo. Son corps fit une trace noirâtre dans la vasque.

La Gobeline

ne s’en inquiéta pas, elle se hissa grâce à la chaîne qui retenait le déboucheur, et, courut jusqu’au récipient liquide de savon. Elle croisa un cafard.

- Salut Gobeline.

- Décidément, il est vraiment déguelasse cet endroit

- C’est vrai on s’y plait bien !

- Voudrez-tu m’aider à actionner le bouton je dois récupérer du savon liquide.

- Pas de problème Gobeline, je te fais la courte patte.

Missinda sauta sur le bouton pour l’actionner, elle sauta comme sur un trampoline. Puis redescendit.

- Merci, cafard

- De rien, mais je te laisse ! Ca put le « puss-muss »

Le cafard déguerpit. Missinda fit de même après avoir pris un échantillon. Elle entreprit le chemin inverse. Quand la femme se lava les mains, elle sauta sur sa bague, et arrivée à la table, elle attendit que le couple s’en aille pour sauter de la bague, où elle faisait office de véritable pierre précieuse. Quand le couple fut dans la rue, elle s’extirpa. Missinda alla se tapir dans un petit trou contre un vieux mur. Elle prit sont Gobphone :

- Théagob ? oki mol

- Cykielbi ? oki mol

Puis, Missinda rentra à

la  Traverse

du Goud.

 

L’ultime épreuve attendait donc maintenant Cykielbi. Cette dernière était très maligne. A peine vit-elle une bourgeoise dans la rue qu’elle s’élança et se retrouva dans un de ses sacs d’achats. Cykielbi était désormais étouffée dans un sac en plastique entre deux débardeurs, un soutien-gorge et trois culottes. Sur le sac certains pouvaient lire : « Petit Pédalo ». La bourgeoise marchait le long de la rue, puis au bout d’un certain temps, elle sortit des clés de sa poche. Une grande porte s’ouvrit. La femme déposa ses courses sur un canapé. Cykielbi sortit discrètement du sac et se réfugia entre les poils de la moquette. Pendant ce temps, la femme se faisait coulait un bain. Cykielbi lisait souvent « Gobelines Actuelles » ce qui fait qu’elle connaissait bien les habitudes des coquettes. Mais, tout ne fut pas si simple pour

la Gobeline. Elle

entendit :

- Ouaffff, Ouaffff, Ouaffff

- Rrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrr Ouaffff Ouaffff

La bourgeoise revint aussitôt.

- Choupette…qu’as-tu ? Tu vois bien qu’il n’y a personne.

Elle prit le chien dans ses bras. Cykielbi en profita pour entreprendre sa route jusqu’à la salle de bain. Elle courut tellement vite que son petit cœur battait extrêmement fort, et elle se mit à tousser à cause des acariens qu’elle croisait sur la moquette qui lui obstruaient la route.

- Attention une Gobeline en fuite ! dit un acarien

- Poussez-vous je suis pressée …criait Missinda

Au loin, une autre voix se fit également entendre :

- Oh non ! Mon débardeur blanc a une grosse tâche noire ! Quelle horreur ! hurla la femme qui était toujours dans le salon.

Cykielbi était toujours en train de marchait quand elle atteint enfin la salle d’eau. Elle analysa rapidement tous les produits qui étaient présents : gommage, crème de jour, crème de nuit, lotion de jour, démaquillant…Quelque chose retint alors toute son attention. Il y avait un savon posé sur le rebord de la baignoire. Pour l’atteindre, elle tenta de se coller à la paroi mais elle était trop glissante. Elle ne savait pas comment faire pour y parvenir. La bourgeoise entra pour éteindre le robinet d’eau qui coulait. Elle commença à se coiffer devant le miroir. Cykielbi escalada son mollet en s’agrippant aux poils de ses jambes (la bourgeoise avait vraisemblablement oubliée de s’épiler), arrivée à sa taille,

la Gobeline

se jeta du corps de l’humaine jusqu’à la baignoire, mais malheureusement elle glissa et atterrit dans l’eau savonneuse.

- Au secours, au secours !  criait-elle

Personne ne l’entendait, et l’appel de

la Sfor

ne fonctionnait désormais plus du tout. Cykielbi ne savait pas nager. L’eau commençait à devenir noirâtre, ce qui alerta la bourgeoise. Celle-ci mis sa main dans l’eau du bain. Elle remua et fit des vagues… Cykielbi sombra littéralement au fond de la baignoire. La bourgeoise ouvrit l’évacuation car son eau était trouble. L’eau se vida, pendant ce temps, la femme partit dans une autre pièce. Cykielbi fut attirée et emportée par un immense tourbillon. Mais, par chance, elle resta collée à la paroi, elle avait perdue connaissance. Au bout d’un certain temps, elle rouvrit les yeux. Elle grimpa grâce à un cheveu présent dans la baignoire, et atteint enfin le savon. Elle en prit un échantillon. Dans le savon, il était gravé : « Masavonnette ». Avant toutes choses, elle prit son Gobphone qui malgré l’eau marchait encore :

- Théagob ? oki mol

- Missinda ? oki mol

Cykielbi ne savait plus comment descendre, mais ce qui comptait c’est qu’elle avait réussit le plus dur. Elle fit une sieste sur une éponge qui trônait là. Entre temps, la bourgeoise avait refait couler un bain, s’était prélassée sans se douter qu’une Gobeline habitait son éponge. Avant qu’elle ne sorte de l’eau, Cykielbi s’accrocha à elle et se logea dans le creux de son oreille. Dès le soir même, la bourgeoise se rendit en ville pour un dîner, et

la Gobeline

en profitait pour rentrer à

la Traverse

du Goud par son biais.

 

 Les trois guerrières se retrouvèrent donc au quartier général de

la Traverse

du Goud, et se rendirent ensemble au village centre, munies des trois échantillons. Le peuple était en liesse. Ca y est les goudronneux étaient enfin sauvés, tout allait redevenir comme avant. On fit bonne chair, et on dansa toute la nuit chez les goudronneux. Dès le lendemain matin, Théagob, Missinda et Cykielbi se rendirent sous l’escorte de Pomfricador, d’Hupol et du Gobelin témoin chez le Gobelin scientifique (Dr Gobelin étant le deuxième nom du Gobelin scientifique. Il sortit une grosse éprouvette et y versa les trois échantillons. Rien ne se passa. Au bout d’une heure, il ne se passait toujours rien, pas la moindre réaction. A la surprise générale et surtout face à une grande incompréhension, Pomfricador déclara l’état d’urgence, tous les goudronneux furent d’astreinte… mais il n’y avait plus rien à faire…le peuple goudronneux allait à sa mort. Des Gobelins goudronneux se mirent à boire, d’autres à pleurer, quand un beau jour le « Gobelin Propre », qui revenait d’un voyage du sud de

la France

, un des seuls Gobelins goudronneux à se laver encore, demanda des explications à Pomfricador sur le futur sort des goudronneux. Il tint à peu près ce langage :

- Un ancêtre Savonneux nous a jeté un sort, trois guerrières sont parties en mission…en vain. Nous ne sommes pas en mesure de créer le clone savonneux ce qui veut dire que sans

la Sfor

nous mourront tous affaiblis.

- Mais on m’a dit que le Gobelin témoin vous avez bien donné la composition du clone ?

- Oui, mais nous avons réuni les trois ingrédients essentiels : du savon sous une forme volante « bibbullus », du savon liquide dit « puss-muss », et du savon solide « sinex » et cela ne marche pas.

- Faites-moi voir ces ingrédients je dois bien être le seul goudronneux à en connaître la composition…

- Ils sont chez le Gobelin scientifique, allons-y donc…si vous y tenez.

Ils partirent tous deux chez le goudronneux scientifique qui montra les échantillons au « Gobelin Propre ».

-  Voilà, du « bibbullus », du « puss-muss », et du savon solide « sinex ».

- Ah non ! fit le Gobelin Propre.

- Quoi non ? dirent Pomfricador et le goudronneux scientifique en même temps.

- Ca… Ce n’est pas du « sinex » mais du « masavonette »…

- Ah bon ? Quelle est la différence ? dit Pomfricador

- Suis-je bête ! dit le goudronneux scientifique, le « sinex » n’a pas le même PH, voilà la différence, c’est toute la différence !

- Il faut renvoyer les guerrières en mission.

Pomfricador prit alors son Gobphone :

- Illot Théagob, Missinda, Cykielbi ! gghjh jutyf llol pomlite ffa s , oki mol ?

-  oki mol !

Les guerrières acourèrent de nulle part.

- Trouvez du « sinex » et vite !

- Oh…mais ce ne sera pas la peine …j’en ai toujours sur moi dit le Gobelin Propre.

- 

- Excusez-moi, mais… je crois que ma gourde est vide…

- 

- Quelques gouttes suffisent ! dit le Gobelin scientifique.

Le Gobelin Propre tendit sa gourde à Cykielbi qui la tendit au Gobelin scientifique. Il refit le mélange dans l’éprouvette et une grande et merveilleuse lumière blanche vint éblouir tous les Gobelins goudronneux. L’éblouissement fut tel qu’une forme peu distincte se modelait devant eux…une sorte de « Goblinisation Savonneuse » instantanée… Des bulles se formaient de tous côtés, on entendait comme un « glouglou » permanent…Ca sentait une odeur nauséabonde de savon et de propreté dans tout

la Traverse. Quand

soudain, une voix féminine très sensuelle et mystique se fit entendre…

- Amis goudronneux, vous avez recrée le clone Savonneux, je vous en félicite…mais pour que nous puissions nous développer et que mes pouvoirs « d’expansion des générations suivantes » fonctionne vous devez trouvez le mot secret…et donner au mois trois éléments de la formule d’une composition savonneuse.

- Quel mot secret ? dit Théagob

- Nous n’étions pas au courant ! Quelle composition savonneuse fit Missinda excédée.

- « y kilop fratertempum » (signifiant approximativement « si vous avez l’âme de

la Fraternité

attendez un instant que je me souvienne» en langage Gobelin) dit Cykielbi.

- « DERMO - PRO – TECTEUR » prononça Cykielbi d’un ton assuré.

- Et pour la formule… « hypoallergénique »…euh non c’est pas ça, c’est …

- 

- Aqua, sodium, alpha-isomethyl…cacamidopropyl betaine, cocoate, glutamate…

 

La lumière devint alors arc-en-ciel, les goudronneux se rassemblèrent en cercle tout autour, le cœur serré, ils arrivèrent de toutes part, dont Imbes Ile qui finit sa course en glissant. Ils se mirent tous à genoux devant

la Savonneuse

qui s’offrait enfin à leur vue. Tout le peuple était donc prosterné et en admiration devant ce phénomène étrange.

- Bonjour…je suis Salave, Gobeline Savonneuse

- Bonjour Reine Savonneuse, venez découvrir votre Royaume…lui dit Pomfricador en lui tendant son bras (qu’il avait précautionneusement décrassé).

Il l’accompagna dans le domaine que les goudronneux avaient préparé. Tout un cortège de Gobelin suivit. Salave se mit à chanter dans une langue inconnue de tous :

« Jlhjdqg hkhdkjqhdkhd dqhdhqd lalllalalaallalalaal… »

Peu à peu le peuple Savonneux (qui s’alimentait uniquement d’eau très propre ou savonneuse) se reconstruisit. Les Goudronneux se firent pardonner leur excès belliqueux. Savonneux et Goudronneux déclarèrent l’état de pacification… Mais, une question subsistait : comment Cykielbi pouvait-elle connaître le mot magique et la formule ? « Facile » avait-elle dit…elle s’y connaissait bien et elle avait tellement vu de produits de beauté et autres produits « savonneux » dans la salle de bain de la bourgeoise… Cykielbi était une des rares Gobelines à savoir lire parfaitement la langue française… Le Gobelin scientifique en fut si impressionné qu’il la demanda en mariage sur le champ… (Bien sûr elle dit « non » car une guerrière, même coquette, ne se marie pas !).

Tous vécurent donc ensemble en paix et heureux. Si bien qu’un jour naquit un petit être, un Gobelin étrange, tout noir et glissant à la fois, mi-goudronneux, mi-savonneux, un gobelin Sadronneux se nourrissant essentiellement … d’hydrocarbures, d’eau poisseuse et polluée, peut-être bien le seul Gobelin à pouvoir vivre sans aucun souci… pour le reste de l’éternité…

 

Moralité : Euh… ? C’est clair, non ?

 

 

Texte Intégral : Michaëla Degui ©2006

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



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22 mai 2007

Recueil mélancolique

Recueil de la mélancolie
Michaëla Degui
I Vers la lumière
Où cours tu comme ça ?
Lilith,
Oh Reine de la nuit,
Obscure, étrange fée
Qui au fond de moi murmure d'une douce voix...
Enfants jouant dans cette cour d'école
Bruyants, et souvent terribles...
Que seraient vous demain ...
Vivants ou enterrés...
Heureux, désabusés...
Où cours tu comme ça ?
Vers la lumière...
Soleil, longtemps j'ai cherché,
Désespérement,
Langoureusement, je souffre et t'attends...
Enfants... enfants,
loin de moi,
Je ne suis plus...
Autre que vous,
Unique, et semblable au fond...
Je joue vers la lumière...
Je fuis la misère...
Je cherche en vain ...
Retrouvé, ce chemin
Si longtemps recherché...
Enfants jouant dans cette cour d'école
Où courrez-vous ?
Où êtes-vous ?
Malgré tout je ne vous reverrai jamais
J'ai pris cette route...
Une route,
Tortueuse, mais rassurante
Une route,
Vers la lumière...vers Demain
Simplement, celle du destin...
II Soleil Noir
Signe de toujours,
Emporté par,
Fatalité ou inconscience...
Signe pour toujours,
D'un caractère ou du hasard...
Je rêve au-delà, patience...
Signe au long cours,
J'accuse et je pars,
suivant un bonheur intense,
Signe de toujours,
Emporté par,
La vie et l'ampleur des sens...
III Respiration
Un, deux, trois
Viens vers moi ...
Quatre, cinq, six,
Lent et soyeux précipice
Sept, huit, neuf,
Probablement,
Dix,
Encore un précipice,
Onze, douze, treize,
Quatorze, quinze,j'attends
...
Vingt-deux,
Amour
Vingt-quatre,
Aië, ca fait mal,
Et ca continue...
Vingt-six,
A l'aube de moi,
Toujours, toujours, rassurée par tes bras...
Un, deux, trois,
J'ai peur,
...
Je me blottis..
Et je revis.

22 mai 2007

ON AIR

« ON AIR »

(Recueil de prose)

 

 

Il y a des jours comme ça…Jeanne

 

Il y a des jours comme ça où j’aimerais venir te voir, manger des gâteaux secs, parler pendant des heures, me dire que c’est long, me dire que j’aime ça, écouter ton histoire, écouter notre histoire, écouter les potins qui grincent parfois entre les dents. Il y a des jours comme ça où j’aimerais avoir 20 ans, 20 ans de moins pour écouter tes conseils, écouter tes boniments, écouter ta voix. Il y a des jours comme ça… tu me manques. Il y a des jours comme ça où je me dis que je n’ai pas su te dire adieu. Il y a des jours… comme ça, où je voudrais te serrer dans mes bras, où je voudrais te dire que ça va, que ça va pas, que tu es loin, trop loin. Il y a des jours où je voudrais te parler de moi, de ma vie, comme avant, il y a des jours comme ça où je voudrais que tu sois toujours là, je voudrais te revoir. Aujourd’hui j’ai compris que tu n’étais pas éternelle. Aujourd’hui je comprends mieux les choses, tes expériences, mes cheveux ont poussé, un peu, ma vie a changé, beaucoup, toi tu n’es plus là, et pourtant je t’écris, je te parle. Ma Jeanne, mon Henriette, ma Cloupet, ma gran’taty, il y a des jours comme ça où simplement je voudrais que tu sois là…

 

 

Portrait en prose

 

Ca y est … je sais…je l’ai ressenti, en moi…cette nécessité viscérale de tuer pour reprendre. Est-ce ma conscience qui me fait savoir que c’est mal…que ce n’est pas juste. Pourtant, tel le fou, je conçois, dans ma logique…il est …il est inévitable que cette demeure m’appartienne. Autant de souvenirs enfouies sous le sable, de rires et de pleurs étouffés…enterrés, enlevés par le vent, toujours, toujours flottants dans les tamaris. Elle a fait du paradis l’enfer. En se refusant …elle me noie, me laisse la tête bloquée dans l’eau…je n’ai plus d’air. Enfant devenue femme, elle en moi te le demande encore une fois, rend-moi mes souvenirs, rend-moi mon été si chaud et si pressant, si vrai, si éternel… Rend-moi …le sanctuaire de mon bonheur passé. Même si je sais…que rien…non rien ne me reviendra, ni le lieu, ni le temps. Le temps, si cher à mon cœur, le temps…le temps d’avant. Le temps de quand je n’avais pas dix ans.

 

 

Un soir ou Réflexion émancipée

 

J’avais l’impression toute bête qu’elle puisse être que cet instant n’avait pas existé. Ce moment magique où toi, et moi, ensemble en un même lieu, n’était que le pur fruit de mon imagination. Ta voix, toi, et la mienne, la leur, et moi…là…hors du temps…je t’en ai voulu de repartir, je t’en ai voulu de fuir…après tout ce qu’il avait fallu faire pour être là. Un moment…une seconde…un rien dans une vie…mais qui signifia beaucoup. Une rédemption, un dû, à la fois à la hauteur par ta prestation, et loin de tout car trop fade par rapport à tout ce que ça aurait pu être mais quoi … Un potentiel de l’irréalisme à ne surtout pas prendre comme référent, une certitude …ce soir là j’étais là les yeux rivés sur toi…toi le symbole fictif et charnel de quelque chose d’autre. Un amour sans être amoureux, un amour purement conceptuel de celui qui chante et qui jamais ne deviendra autre qu’une icône impalpable et pourtant humaine. Le symbole de ce qui me fait du bien, me soulage…le symbole masculin…l’avers de la médaille. Rien avoir avec cet élan sexuel que certain me réveille, cette envie et ce plaisir charnel, cette douloureuse pesanteur vénale du chanteur mâle. Non, toi c’est différent et je m’en veux d’avoir comparer, je m’en veux de t’avoir maudit un instant. Car Personne ne pourra comprendre ce qu’il en ai, moi oui, j’ai fantasmé, tu es lié inexorablement à S… Simplement merci.

 

 

C’était toi…

 

Allongée sur le divan tu m’as raconté ta vie. Celle d’une fille normale à laquelle on n’a pas fait attention. Pas plus qu’à une autre. D’ailleurs tu n’as pas grand-chose de plus que les autres si ce n’est de m’avoir raconté ta vie. Je suis coupable de tes actes de part tes confessions. Je suis complice. J’ai un poids qui pèse alors qu’il n’y a à peine un an je ne te connaissais pas. Tu n’étais rien et voilà qu’aujourd’hui je dois exulter tes mots par les miens. Mais je t’en remercie…

 

 Par quoi commencer ? Peut-être par te donner un nom…mais tu n’en a pas, du moins je ne le connais pas.

 Tu a grandi à la campagne, étais à l’école, au collège, puis au lycée. Et un jour, tu t’es réveillé et tout était flou. Tout noir. Chiant. Tu a toujours pensé être immortel avoir la vie devant toi et que les choses horribles ça n’arrivait qu’autres. Pourquoi as-tu perdu ton innocence ? Tu as oublié tout ses moments forts, beaux et parfois pénibles qui ont guidés ton adolescence, et maintenant que tu pourrais vivre en paix tu replonges en enfer pour retrouver tes origines. Car le bonheur s’était avant aujourd’hui tout est gris malgré l’amour ; vu que rien n’aboutit et que le temps suit son chemin sans t’attendre. Il n’y a rien pour toi sauf avant. Plus d’avenir. Ca c’est toi qui l’a dit c’est pas moi.

 Tu as commencé par me dire que tu l’aimais et que tu étais la plus heureuse des femmes dans ses bras. Mais tu m’as aussi rappeller que cela ne pouvait pas durer. Que quand on est comme toi on ne croit plus au bonheur. Tanpis ! tu as dit « tanpis » comme si ce n’était rien de renoncer à l’Amour alors que d’autres la cherche toute leur vie. Tu disais « tanpis » j’ai besoin d’oxygène de sentir mon corps courir, sentir, jouir. Je t’ai demandé pourquoi et tu m’as raconté ce rêve. Tu étais là face à un homme que tu ne connaissais pas et tu lui a dit ce que ton corps voulait : baiser. Sous son charme il a cédé et il t’a prise et c’était bon. Mais c’était trop tard toute ta vie basculait dans l’étrange dans ce que tu ne voulais plus affronter l’inconnu, mais c’est lui qui t’as perdu.

Le lendemain tu es allé en boite tu as bu beaucoup trop et tu ne te souviens plus de rien. Sauf d’avoir cédé à un puis à deux puis à trois jusqu’à que moi je te retrouve et que tu me raconte que tu me raconte ta vie banale qui ressemble affreusement à la mienne mais qui n’est pas la mienne car moi je sais que tout sera aussi bien qu’avant mieux qu’avant. Aujourd’hui Solène je vais arrêter d’écrire des conneries je connais ton nom tu n’existe pas. Tu est le mal tu es la mort qui guette mais moi je garde l’espoir l’espoir l’espoir l’espoir l’espoir que après c’est mieux qu’avant.  

 

 

 

 

 

 

 

 

J’ai fait un rêve…

 

Il faisait encore noir malgré ce rayon de lumière qui traversait la pièce. Je venais d’ouvrir les yeux, mon corps était encore tout chaud et plein d’une sensation de bien-être, c’est là que je me suis souvenue…

Une femme s’est approchée d’un homme qui n’était pas toi. Cet homme l’a repoussé, et je suis arrivée. Il m’a dit qu’il ne savait pas s’il devait ou non être avec elle. Alors, moi, je l’ai regardé dans les yeux, je lui est pris la main…c’est à peu près comme ça que cela s’est passé. Je lui ai dis que j’avais envie de lui à cet instant. Il n’a pas compris ce qui lui arrivait, mais il s’est laissé aller à ses envies, guidé par mes caresses, entraîné par mon souffle envoûtant. On a jouit pendant une heure, ou deux, voire plus. C’était unique, c’était bon. C’était un moment irréaliste, éternel, de ceux que l’on oublie jamais. Cet homme s’était l’autre de toi celui qui réveille mes fantasmes. Cette femme ce n’était qu’une partie de moi celle qui se cache en moi quelque part, et qui ne vit que dans mes rêves érotiques, où chaque jouissance me ramène à toi. En ce jour je veux que tu sois celui que tu es, mon amant, et moi je serais ton guide. Ton plus beau cadeau sera je pense de traduire ce rêve en réalité.

 

Ici tout est beau

 

Ici tout est beau, parfois il pleut mais, mais Lola respire et c’est ça qui compte. Ce matin, elle s’est dit qu’il allait se passer quelque chose, mais quoi ? Si elle le savait elle ne se poserait pas la question de savoir. L’angoisse n’est pas le thème du propos, c’est juste le questionnement qui importe, des questions sans réponses qui finissent par en avoir et on ne sait pas pourquoi. Imaginer le pire quand arrive le meilleur, imaginer le meilleur quand il arrive le pire, ou parfois hélas y voir clair.

Ce matin Lola s’est réveillée brusquement, la peur au ventre. Aussitôt, elle s’est levée, elle a bu un café. Puis, la journée s’est passée, plutôt belle la journée. Lentement et portée par la joie de vivre elle a oublié son angoisse du matin. Si elle avait su. Elle a sauté du pont. Pourquoi ? Si j’avais une réponse, je la suggèrerai, mais je n’en ai aucune.

Matthias s’est fait tuer par son frère, Lucile violée par un homme, Elodie s’est jetée sous un métro. Tant de questions sans réelles réponses, et elles n’en auront jamais. Violence quotidienne, société en ébullition. Je ne comprends pas et je ne comprendrais jamais. Alors…

 

 

La fête des morts

 

C’est l’histoire d’une fille poursuivie par son passé, et frustrée par une société, une histoire conne. Oui, c’est ça une histoire banale, dans laquelle, n’importe qui devient le héros, où l’identification est universelle. Pourtant, cette histoire est unique, c’est la mienne.

Vous allez vivre ces jours avec moi jusqu’au dernier, enfin si vous voulez. Si vous avez les nerfs assez solides…

Je me suis levée ce matin, j’avais mal à la tête, j’ai pris une aspirine, et je me suis recouchée. Normal, hier soir chez Jack, on avait vidé une bouteille de whisky, et dix bières à tous les deux.

13h 52, c’était l’heure d’aller en cours, j’ai pris mon blouson, une clope dans mon paquet, je l’ai allumé, j’ai pris mes clés, mon sac, j’ai claqué la porte, j’ai fermé, et je suis partie. Putain, quel bande de cons ! Voilà, ce que je me suis dit en arrivant devant cette salle de cours glauque.

Ce soir, j’ai téléphoné à Lucile, on a parlé pendant des heures, de tout, de rien, de nous. Puis, j’ai raccroché, et j’ai été chez mon mec, on a baisé pendant des heures. C’était bien, j’ai aimé ça et lui aussi. On s’aime.

Mais c’est ce jour qui a perturbé mon quotidien, j’allais juste poster une lettre, mais voilà, j’avais pas d’enveloppe. Je venais déjà de me disputer avec Jean-édouard, de déchirer ma jupe grise, et de casser mon poste, alors, fallait pas me faire chier !

Je suis rentrée dans la poste, il y avait du monde partout, en plus ça puait la transpiration, et ça me foutait la gerbe. J’ai commencé à faire la queue, puis ça n’avançait pas, alors j’ai changé de guichet. Au bout d’une demi-heure, le mec me dit qu’il a plus d’enveloppe, qu’il y en a au tabac à côté, et que ci, et que ça. Merde ! Je voulais juste une enveloppe pour poster ma putain de lettre, c’est tout, une enveloppe.

A ce moment le temps s’est arrêté, je n’ai rien dit, je suis sortie. Il faisait froid dehors. J’ai vu cette foule autour de moi. Un mendiant me demande une pièce. Ben, merde j’ai à peine 10 euros pour finir la semaine ! Une bourgeoise me bouscule. Connasse !

J’ai fouillé dans mon sac, j’ai senti quelque chose de froid et dur. J’ai sorti l’arme que Jean-Edouard m’avait passé, au cas où, si on m’agressait, vu que je me balade toujours la nuit toute seule. Mais le voyou c’est lui, c’est pas moi. C’est pas moi. Ben, là, j’ai pris l’arme, je suis entrée à nouveau dans la poste, j’avais chaud, mon cœur palpitait, j’étais dans une autre dimension, et j’ai tiré sur tout, partout, n’importe où, j’ai tiré, sans voir ni morts, ni blessés, j’ai tiré, et je suis ressortie en courant. J’ai couru longtemps, et je me suis arrêtée.

Je suis rentrée chez moi. J’avais jeté l’arme sur le chemin, je ne sais plus où, ni pourquoi. J’ai pleuré. J’ai appelé mes parents, tout était normal, j’ai mangé des pâtes, et je me suis couchée. J’ai continué à vivre. A acheter des enveloppes, ailleurs.

C’était un jour de novembre,

la Toussaint

, la fête des morts comme ils disent, il faisait gris, enfin, il faisait soleil mais dans mon cœur tout était gris. Gris comme ces jours où l’on a envie de tout foutre en l’air, seulement là j’avais déjà tout foutu en l’air, mais j’étais si fière, impossible, et surtout pas envie de retourner en arrière. J’ai pris une feuille de papier, un crayon, et je me suis mise à écrire : Ca y est grand-père, je vais enfin te rejoindre. J’ai mis la feuille dans une enveloppe, je l’ai soigneusement fermée, j’ai mis une adresse : Le ciel, j’aurai très bien pu écrire la terre, mais c’était trop moche. J’ai posté la lettre, j’ai traversé la route…

 

 

Les choses éphémères

 

Ce jour est enfin arrivé. Tu l’attendais depuis des années et tu savais qu’il était latent. Aujourd’hui, tu fêtes tes 44 ans et il est bien trop tard. Bonne mœurs, honneur, amour ou autre cela n’a pas empêché que ta fidélité soit pure, belle et réelle, pourtant, tu es seule. Seule avec tes quelques rides au coin de l’œil, les traces du trop bu, trop fumé, trop pleuré ou trop ri il y’a vingt ans ou plus… Tu ne sais plus bien pourquoi tu es là. Tes enfants sont grands, jeunes et beaux. Et lui, encore plus beau qu’avant, plus craquant, plus sexy…mais volage. Il t’a dit qu’il t’aimerait toujours que tu étais sa Femme, sa petite femme pour l’éternité et voilà… Regarde ce miroir et pense à tes années de gloire, tes années folles où ton corps ferme remuait sur la piste enflammée, désirée par ces hommes avides de toi ou de cul …tu t’en fichais pas mal… Toi, fidèle aujourd’hui seule…aujourd’hui vieille. Regarde-toi, et observe … tu te reconnais mais ne vois plus…

La fenêtre est ouverte. Saute…Saute, Saute vers le vide qui t’attire…Saute, Saute mais d’abord imagine…imagine ce que tu aurais pu faire…

…Elle pris le rasoir et s’entailla le corps, le sang se répandait peu à peu sur les carreaux blancs…Ensuite, ce fut autour du visage, le sang se mêlait aux larmes, mais la douleur ne semblait pas visible…si ce n’est dans ses yeux.

 On a retrouvé le corps de M… sans vie au petit matin…

 

 

 

Sans titre

 

Je n’aime plus le cinéma. Ni la musique d’ailleurs. Ni les Hommes, ni leur pensées, ni moi, ni rien.

J’avais compris. Compris que rien ne servait de lutter contre la chose puisqu’elle faisait partie de moi. J’avais mis du temps à comprendre et j’avais enfin eu la révélation. Il y avait moi et moi. Celle d’origine, pure, fidèle, libre et l’autre, perverse, excitante, venimeuse. Il y’avait l’amour et il y avait le sexe. Il y avait le plein et le vide, le vrai, le faux, le pur, l’impur. Il y avait le profond et l’éphémère. Elle le faisait vibrer en moi, parfois, et elle tentait de détruire tout ce que j’avais construit. Tel l’instant, elle attaquait par le plaisir et substituait la chair à l’amour.

Elle me susurre : fais-le…fais-le ! Ne perds pas de temps…demain il sera trop tard.

Alors, je ne voulu pas savoir son nom, ni son âge, ni rien, ni s’il était quelqu’un de bien. Un salaud, un gentil, une ordure, un pourri, un romantique. Rien. Je voulais juste qu’il me baise, qu’il me prenne sauvagement. Que je jouisse. Puis qu’il s’en aille et qu’il ne revienne jamais. Je ne voulais de lui que sa semence, sa jouissance, son sexe à l’intérieur de moi. C’est tout.

Mais, je voulais surtout qu’il me désire, je voulais être un fantasme, un assouvissement, sa source de plaisir et que rien de m’égale.

Tu ne me regardes pas. Tu m’ignores ou simplement de me vois pas. Je n’ai aucun droit d’en souffrir c’est ainsi. Braver l’interdit, jouer avec le feu et rester là, à imaginer ce qu’aurait pu être ma vie autrement.

Je ne l’ai pas fait. N’ai pas pu, pas cherché, pas voulu ? La voix ne s’est pas tu pour autant mais elle le fera …c’est sûr…mais quand ?

Ce n’est pas parce que j’y ai pensé que je suis coupable.

Je n’y avais même pas pensé alors. Je refusais d’y pensais. Maintenant, j’en rêvais et ce rêve était si vrai qu’il devenait réalité.

Tout avait commencé un après-midi de dimanche. Je marchais dans les rues à la recherche d’un tabac ouvert. J’avais déjà marché presque un kilomètre quand enfin j’en apercevais un. L’orage menaçait et je décidai de prendre un café au coin de la rue. Un serveur vint à moi.

- un coca s’il vous plait

Je relevai les yeux et croisai son regard. Mon cœur se mit à battre violemment. Deux minutes passèrent. Il déposa mon verre, la note et un sourire. Je le su c’était lui. Perdu dans mes penses, j’imaginais mon corps blotti contre son corps. Puis, une main se posa sur mon épaule. J’attendais qu’il me dise quelque chose, un mot, une phrase…un bégaiement.

- Puis-je vous encaisser mon service est fini ?

- Moi, m’encaisser, euh, oui…

J’aurais voulu lui payer l’addition en nature. Lui dire que j’n’avais pas un franc ou un euro, que j’n’avais rien à lui offrir si ce n’est mon corps… Mais mon esprit me revint. Je lui déposais mes pièces sur la table. Puis, plus rien. J’attendis un instant, la pluie commençait à tomber, je mis ma veste, et sorti. Des gouttes coulaient dans mon coup cette sensation désagréable produisit en moi un effet bizarre.

 Je fumais ma clope, étendue sur le lit de tout mon long. Je repensais à son sourire. J’avais oublié le son de sa voix. Il n’était qu’un corps, qu’un visage que je voulais saisi, que je voulais subir. Je ne devais pas en rester là.

 Arrivée au café, personne. Il n’était plus là. 

 

 

By mika 05/06

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